vendredi 7 octobre 2011

Procès BEMBA à la CPI : Vers un possible classement


Ils l’avaient crucifié auprès du procureur argentin Luis Moreno Ocampo, aucun d’eux ne paraissait pressé d’aller témoigner contre le puissant Chef du MLC, Jean-Pierre BEMBA, à la CPI.
Ils l’avaient crucifié auprès de l’Argentin Luis Moreno Ocampo, aucun d’eux ne paraissait pressé d’aller témoigner contre le puissant Chef du MLC. Des faiblards, des fourbes, des tartufes, des traîtres, des perfides, des faux braves, en un mot des c...! Le procureur argentin Luis Ocampo Moreno n’en décollerait pas!
L’homme aurait fait une amère expérience de la faune politique r-dcongolaise et de ses capacités à dire, à se dédire et à se rétracter avec le même éclat, la même gestuelle, la même verbialité. De là une transhumance rarement observée sous d’autres cieux cadrés. Une migration périodique que seules justifient des traumatisantes fins de mois que sous Mobutu on appelait la politique du tube digestif!

DES TÉMOINS AUX ABONNÉS ABSENTS. 

Dans une longue interview accordée au Soft International en janvier 2009, à la question «Quelle preuve, Monsieur le Procureur, avez-vous quand vous dites que M. Jean-Pierre Bemba avait planifié le viol à large échelle et qu’il «voulait - dites vous - traumatiser et terroriser la population civile pour qu’elle refuse de soutenir les rebelles» ou qu’il avait «choisi le viol comme méthode» de guerre?», le procureur argentin nous répondit: «Nous soutenons effectivement que Jean-Pierre Bemba prévoyait d’attaquer la population civile, en particulier les habitants de Bangui et d’autres villes de République Centrafricaine accusés de soutenir les rebelles, et que les viols, meurtres et pillages relevaient des méthodes retenues. L’ampleur et le caractère systématique des crimes excluent qu’il puisse s’agir d’initiatives individuelles de la part d’individus incontrôlés. C’est malheureusement bien plus grave. Nous nous fondons sur de nombreux éléments, parmi lesquels:
1° la connaissance qu’avait Bemba, avérée par des témoins entendus par nos enquêteurs, que ses hommes allaient piller et voler;
2° les instructions données par les commandants du MLC aux hommes de troupes avant leur arrivée à Bangui;
3° la façon dont les combattants du MLC s’adressaient à leurs victimes à Bangui en tant que «complices des rebelles»;
4° les précédentes actions et exactions commises par les troupes du MLC à Bangui en 2001 et à Mambasa en 2002;
5° enfin, l’impunité dont ont généralement bénéficié les auteurs de crimes. Tout ceci et d’autres éléments encore présentés lors de l’audience de confirmation des charges indique que les crimes commis à Bangui ne le furent pas par hasard mais relevaient d’une intention criminelle» (Le Soft International n°977 daté 19 janvier 2009 mis en ligne le 19 septembre 2009).
A une autre question: «Envisageriez-vous d’entendre ses camarades (restés à Kinshasa)? Si oui, dans cette hypothèse, avez-vous la promesse de coopération de Kinshasa?», réponse de Luis Ocampo Moreno: «Pour des raisons évidentes de sécurité, nous ne communiquons jamais sur nos témoins, réels ou supposés. L’identité de la plupart des témoins est connue de la défense mais n’a pas été diffusée au grand public. D’une façon générale, dans quelque affaire que ce soit, si nous souhaitons entendre une personne exerçant des fonctions officielles dans un pays, il nous faut solliciter l’assistance judiciaire des autorités concernées. Si l’Etat requis a ratifié le Statut de Rome, les autorités nationales sont tenues de coopérer avec le Bureau du Procureur. Jusqu’a présent, dans le cadre de nos enquêtes et de notre recueil de tous les éléments de preuve, tant à charge qu’à décharge, et en exécution de l’Accord de coopération signé avec la République démocratique du Congo, nous avons toujours bénéficié de la bonne coopération des autorités congolaises» (Le Soft International, op. cit.)

VERS UN POSSIBLE CLASSEMENT. 

Il était trop naïf Ocampo désormais convaincu que ses témoins r-dcongolais pourraient ne pas se rendre à La Haye.
Selon des informations non encore confirmées par le greffe de la CPI mais dont la récurrence paraît montrer tout le sérieux, tous les témoins gros poissons attendus de Kinshasa par le procureur argentin en vue de confirmer les dépositions faites sous serment aux enquêteurs répondraient aux abonnés absents. Aucun d’eux ne serait plus pressé de se présenter au 174, Maanweg 2500 à La Haye aux Pays-Bas en vue d’affronter le team d’avocats de la défense de l’ancien VIPI en charge des questions d’Economie et des Finances sous le régime 1+4, conduit par le brillant avocat kinois, Me Kwebe Liris.
«Politiquement trop dangereux par ces temps-ci», explique-t-on à Kinshasa. On invoque le temps qu’il fait en R-dC - campagne électorale, élections législatives et, in fine, la grande inconnue du jour après le 28 novembre. En clair, une vraie hécatombe attendue. Du coup, tous souhaitent être prudents en s’employant à ouvrir - comme à leur habitude - toutes les fenêtres d’opportunités.
Plaider contre le puissant Jean-Pierre Bemba Gombo serait la meilleure façon de se faire sanctionner par les électeurs et donc la pire chose à faire aujourd’hui! En clair, c’est la meilleure façon de se tirer une balle à la jambe et de s’estropier avec le risque de rester unijambiste pour la vie.
Avec le ballet ouvert de gros formats de l’opposition à La Haye (lire l’analyse Ces grands électeurs que sont nos partenaires, page 3, version papier) qui montrent que JPBG est dans la posture qu’il caresse le plus, celle de faiseur de rois, et le secrétaire général de la Majorité Présidentielle Aubin Minaku Ndjalandjoko a évoqué mardi 27 septembre lors de sa conférence de presse («Les va-et-vient des uns et des autres vers La Haye relèvent cyniquement d’une logique de la ristourne et du «likelemba». Ils disent: «Nous vous avions donné nos voix, rendez-les nous donc»! Quelle triste logique des «opérations retour»), il y a peu de chance pour ces tartufes qu’ils confirment leurs accusations.
Une bonne rumeur kinoise assurait que certains auraient tenu leurs positions politiques grâce à des promesses de mieux articuler leurs accusations-témoigages. Ces promesses - si jamais elles ont existé - n’auront tenu que le temps d’une saison! Ils n’auront rien livré en retour alors qu’ils auront tiré profit de tout.
Personne d’ailleurs parmi les initiés qui en savent sur ces girouettes n’était dupe même si de fortes démonstrations de loyautés ont encore pu être récemment faites mais auxquelles à la vérité personne n’a pu prêter la moindre oreille.
Après la rétractation en masse des témoins centrafricains, il reste que le dossier JPBG pourrait très vite se révéler vide, le procureur désabusé pourrait avoir le courage de jeter l’éponge sur le mode de Cyrus Vance Jr dans le dossier de la femme de chambre du Sofitel qui avait ruiné toute sa crédibilité à la suite de moult versions aussi contradictoires les unes que les autres et incapable de confirmer la version précédente.
Tout comme le juge de la CPI pourrait classer purement et simplement l’affaire JPBG. Sauf à demander à l’Argentin de rechercher d’autres éléments de preuves pour étayer ses accusations. Mais ce serait pour la énième fois. Reste que pour l’instant, ils auront tous été trompés...
T. MATOTU.

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