(L'Inter 04/05/2011)
''Et revoilà Charles Konan Banny!'' serait-on tenté de dire. Pour ceux qui avaient pensé qu'il était fini, après son départ de la Primature en 2007 et l'OPA manquée sur le PDCI-RDA en 2010 qu'on lui avait prêtée, l'ex-Premier ministre vient d'apporter un cinglant démenti en se retrouvant à nouveau aux devants de l'actualité nationale et internationale par sa désignation au poste de président de la commission ''Dialogue, Vérité et Réconciliation'' que le président de la République Alassane Dramane Ouattara vient de mettre sur pied. Ce, en vue de faire la lumière sur les événements dramatiques qui ont secoué ce pays depuis au moins 15 ans et de ramener la paix dans le cœur des Ivoiriens. Alors que l'ex-Gouverneur de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) semblait être sorti des tablettes, surtout après la défaite au 1er tour de son candidat Henri Konan Bédié en octobre dernier, comment l'homme a-t-il pu réussir son come-back politique de ces derniers jours? Des indiscrétions de taille font écho de ce que ce poste de président de la commission Dialogue, Vérité et Réconciliation ne soit qu'un strapontin à mi-parcours. Et pour cause, son expérience professionnelle de banquier centrale, son parcours à la BCEAO en tant que Directeur national d'abord, Gouverneur intérimaire ensuite et Gouverneur plein exercice de cette institution, ont fait de Charles Konan Banny un ''client''qui n'est jamais sorti de la tête du président Ouattara. De sources bien introduites en effet, il y a plus de deux semaines que l'ex-Premier ministre a été pressenti pour réintégrer ses bureaux de la Primature au Plateau et ce, dans le cadre de la relance économique et de la reconstruction post-crise chères au Chef de l'État. Que ce soit du côté du gotha de la finance mondiale où il est lui-même bien introduit, où du coté de la France et des autres puissances de l'Union Européenne, Charles Konan Banny avait été proposé comme un client de premier choix pour la Primature au Chef de l'Etat ivoirien pour redonner de la confiance aux bailleurs de fonds internationaux, et autres investisseurs privés nationaux. Le hic c’est qu'il y avait Guillaume Soro Kigbafory, l'actuel Premier ministre et ministre de la Défense. Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, qu'on le veuille ou pas, l'actuel Premier ministre apparaît comme étant le seul aujourd'hui à pouvoir régler la question sécuritaire en Côte d'Ivoire. Et pour ce faire, il a un besoin énorme de temps. Car, entre la mise sur pied et la structuration des nouvelles Forces Républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI), le requiem des anciennes Forces de Défense et de Sécurité de Côte d'Ivoire (FDS-CI), la gestion des ''Soldats Volontaires'', ces jeunes gens qui n'ont pas hésité un seul instant à endosser la tenue militaire pour aider les FRCI dans leurs missions, il n'y a que Guillaume Soro Kigbafory qui puisse démêler l'écheveau de la question sécuritaire. Du coup, même recommandé par des milieux auxquels le président Ouattara ne peut rien refuser en situation normale, une nomination de Charles Banny à la Primature en remplacement de Guillaume Soro, dans une situation pareille, semblait des plus hypothétiques. La commission Dialogue, Vérité et Réconciliation va apparaître comme le strapontin idéal. Surtout que selon des indiscrétions de taille, le Chef de l'État avait déjà sollicité des personnalités de premier choix de la société civile, de la chefferie traditionnelle et des milieux religieux pour constituer la ''Task Force'' qui allait diriger cette commission dont il veut la gestion des résultats différente de celle de la commission pour la réconciliation nationale dirigé à l'époque par l'ex-Premier ministre Seydou Elimane Diarra. Pour nombre d'observateurs avertis, cette commission deviendra très vite pour l'ex-Gouverneur de la BCEAO comme une «antichambre» hors normes, surtout que le président de cette commission risque de devenir un personnage très médiatisé en Côte d'Ivoire et dans le monde au fur et à mesure que les travaux vont avancer dans le temps. Au moment où le RHDP tente de prendre forme, le personnage de Charles Konan Banny apparaît comme le 3è leader de taille dans ce rassemblement, après le Chef de l'État lui-même, et son aîné Henri Konan Bédié. Est-ce une façon très claire de le préparer à la relève? Il n'y a qu'un pas que certains franchiront allègrement....
JMK AHOUSSOU
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