(Les Afriques 30/05/2011)
Avant la fin de cette année, Lord Mayor de Londres, qui est la plus haute autorité de la City de Londres, le quartier financier de la capitale britannique, effectuera six visites en Afrique, notamment en Afrique du Sud, au Nigeria, au Kenya, en Egypte, en Libye et en Angola. Raisons de ce slalom géant.
Le président Dos Santos s’est fait, ces derniers temps, l’avocat d’une tolérance zéro de la corruption dans son pays.
La fonction première de Michael Bear, l’actuel Lord Mayor, est de promouvoir les affaires des très nombreuses compagnies ayant élu domicile à la City. Au nombre des visites africaines prévues, l’Angola a retenu l’attention de l’UKTI, le Département britannique du commerce et de l’investissement, qui voudrait voir les hommes d’affaires de la City davantage prospecter et être actifs sur le marché angolais.
De nombreuses élites angolaises ont été formées en Grande-Bretagne, ce qui reste un avantage indéniable.
Le commerce bilatéral entre l’Angola et le Royaume-Uni est proche de deux milliards de livres sterlings d’échanges. Au-delà des secteurs traditionnels que constituent le pétrole et le gaz, les autorités britanniques appellent le monde des hommes d’affaires à s’intéresser à d’autres opportunités qu’offrent l’éducation, la formation professionnelle, l’agriculture et les services financiers. Et bien que, depuis 2002, avec la fin de la guerre civile, l’accent ait été mis sur l’investissement dans les infrastructures routières et le rail, beaucoup reste à faire dans ce domaine. Des investissements sont également souhaités dans les infrastructures portuaires, notamment au port de Lobito. Le gouvernement de José Eduardo Dos Santos met de plus en plus l’accent sur la diversification de son économie, comme l’a récemment confirmé Hazel Hector, directrice générale adjointe au Département britannique du commerce et de l’investissement.
Améliorer l’environnement des affaires
Les défis restent importants lorsque l’on se lance sur le marché angolais. Il y a tout d’abord le défi de la langue et des habitudes commerciales. Pays lusophone, l’Angola a longtemps priorisé ses relations d’affaires avec l’ancienne puissance coloniale, le Portugal, et avec le Brésil. Cependant, selon Karen Neal, directrice en Angola de l’UKTI, de nombreuses élites angolaises ont été formées en Grande-Bretagne, ce qui reste un avantage indéniable. Comme dans beaucoup de pays africains, les coupures d’électricité restent un problème, la corruption également, ainsi que l’accès au financement. Les autres défis au développement du pays qui ont besoin d’être solutionnés sont : le taux d’inflation et le taux d’intérêt élevés, ainsi que la nécessité d’améliorer l’environnement des affaires qui, bien qu’étant propice, est loin d’atteindre son paroxysme suite aux lourdeurs administratives. Le pays serait placé 163ème sur 183 dans l’indice Doing Business 2011. Sandy Burell, directeur technique de USR/ Scott Wilson, une compagnie britannique installée depuis deux ans en Angola, reconnaît que « faire des affaires en Angola pose de sérieux défis. En plus du coût de la vie qui reste élevé, les visas octroyés sont généralement de courte durée. »
Croissance à deux chiffres
Malgré ces défis, l’Angola reste, pour les investisseurs britanniques, le troisième plus grand marché africain et l’économie la plus performante en Afrique au sud du Sahara. Pour continuer à maintenir son taux de croissance à deux chiffres au cours de la prochaine décennie, le pays devra nécessairement programmer sérieusement la diversification de son économie. Le président Dos Santos s’est fait, ces derniers temps, l’avocat d’une tolérance zéro de la corruption dans son pays. Et au cours d’un récent débriefing du monde des affaires de la City, Henry Bellingham, ministre pour l’Afrique du gouvernement britannique, a déclaré qu’il y avait une bonne volonté de l’Angola en vue de développer les affaires avec la Grande-Bretagne ; il y a même, ajoutera-t-il, « un certain appétit pour notre savoir-faire dans le monde des affaires dans ce pays ». Il faut dire qu’il y a déjà une bonne présence des entreprises britanniques sur le sol angolais, avec notamment GSK, BP, Diageo, Rolls Royce, Lonrho, Standard Chartered Bank, Investec. C’est pourquoi, dira Karen Neal, « les entreprises britanniques doivent être plus audacieuses pour se positionner sur ce marché porteur ».
Dave Barraud, Londres
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