(Xinhuanet 27/05/2011)
N'DJAMENA -- Les responsables des principales structures sanitaires de N'Djaména se plaignent d'avoir un nombre insuffisant de sages-femmes alors que les consultations obstétricales se font de plus en plus nombreuses.
Ouvert il y a un peu plus d'un mois, l'Hôpital de la Mère et de l'Enfant de N'Djaména est submergé par l'affluence des malades. Dans l'unique structure sanitaire du pays spécialisée en maternité et en pédiatrie, plus de 1 500 accouchements ont déjà été faits, dont une cinquantaine par césarienne, selon son directeur général, Dr Mahamat Koyalta.
"Une seul sage-femme peut accoucher dix à quinze femmes par jour, a confié Dr Mahamat Koyalta. Ce qui entraîne souvent la fatigue chez elle". Alors que la maternité de l' Hôpital Général de Référence Nationale avait dix box pour les accouchements, nous n'en avons que six ici. Ainsi, il arrive que deux femmes se retrouvent sur un même lit.
La gratuité des soins promulguée par l'Etat aidant, les femmes accourent de tous les quartiers de N'DJaména vers l'Hôpital de la Mère et de l'Enfant. "Certaines patientes viennent même du Cameroun voisin", a affirmé Dr Mahamat Koyalta. Kousseri, la ville camerounaise la plus proche du Tchad, n'est séparée de N'Djaména que par le fleuve Chari.
Excédé par ce raz-de-marée, le directeur général de l'Hôpital de la Mère et de l'Enfant a appelé, il y a une dizaine de jours, les plus hautes autorités au secours. "On n'aurait pas dû fermer la maternité de l'Hôpital Général de Référence Nationale, a-t-il expliqué. Il faut que les autres maternités et districts de N'Djaména fonctionnent pour l'Hôpital de la Mère et de l'Enfant soit décongestionné".
Son cri de détresse a été écouté par le Premier ministre. En début semaine dernière, Emmanuel Nadingar a effectué des visites dans les principales structures sanitaires de la capitale. Il a décidé que leurs maternités soient rouvertes. Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais ces structures manquent aussi cruellement de sages-femmes.
A l'Hôpital de l'Union au quartier Chagoua, dans le VIIème arrondissement, il reste sept sages-femmes et quatre accoucheuses, alors que récemment l'on y dénombrait douze sages-femmes. "Cette carence est due à l'affectation, par le ministère de la Santé publique, de certaines sages-femmes bien outillées à l'Hôpital de la Mère et de l'Enfant et à l'Hôpital Assiam Vantou (une structure réhabilitée par l' Etat pour s'occuper des femmes malades de fistules, Ndlr)", a expliqué Dr Masngar Koumembaye, médecin-chef intérimaire.
"Le plus souvent, ces sages-femmes incompétentes accourent vers moi pour me demander de faire tel ou tel travail. Imaginez une sage-femme qui vous dit qu'elle ne connaît pas faire la révision utérine", s'est plaint Dr Masngar Koumembaye.
A l'Hôpital de l'Amitié Tchad-Chine, autrefois appelé Hôpital de la Liberté, la maternité ne désemplit jamais. "Elle fonctionne 24 heures sur 24, malgré la réduction de l'effectif par l'affectation de certains agents à l'Hôpital de la Mère et de l'Enfant", a confié son directeur général, Dr Abdoulaye Adam Djérou. Sur les huit anesthésistes dont disposait cet hôpital du district Nord de N'Djaména, il n'en reste que deux, les six autres ont été affectés dans d' autres structures hospitalières. Et les 2/3 des sages-femmes qui y exerçaient ont été envoyées à l'Hôpital de la Mère et de l'Enfant.
"Dans certains des pays les plus pauvres, pas plus de 13% de tous les accouchements sont assistés par une sage-femme ou un agent sanitaire doté de compétences obstétricales", a déclaré Dr Babatunde Osotimehin, directeur exécutif du Fonds des Nations pour la Population (UNFPA), à l'occasion de la Journée internationale des sages-femmes célébrée le 5 mai 2011.
Grâce à l'UNFPA et à la Confédération Internationale des Sages-femmes, le Tchad bénéficie d'un "Projet d'investissement dans les sages-femmes". "Ce projet vise à atteindre trois objectifs: renforcer la formation des sages-femmes à travers un appui aux écoles spécialisées, redynamiser le corps et les associations des sages-femmes et, enfin, revoir la réglementation et la régulation en vue de disposer d'une déontologie et d'une gestion de carrière pour les agents", a déclaré Saturnin Epie. L'UNFPA recrute dix sages-femmes pour les mettre à la disposition du ministère de la Santé publique, a-t-il conclu.
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