mardi 31 mai 2011

Nigeria - LEADERSHIP INTERNATIONAL: le Nigeria veut jouer dans la cour des grands

(Le Pays 31/05/2011)

Goodluck Jonathan, l’ex-chef d’Etat du Nigeria par intérim à la suite du décès du président Yar’Adua, vient d’entamer un mandat présidentiel plein. Son investiture a eu lieu devant un parterre de personnalités dont une vingtaine de chefs d’Etat. Certes, dans ce genre de situation, on enregistre la présence de personnes pas bien recommandables - en termes de démocratisation de leur pays - mais aussi et surtout de bien des hôtes qui constituent des références en matière de bonne gouvernance.
Toujours est-il que le nombre impressionnant de personnalités présentes lors de ce genre d’événement, est, surtout sous nos cieux, un baromètre de l’aura du pays, mais aussi et surtout, de celui qui est investi. C’est dire donc que le nouveau chef, Goodluck Jonathan, jouit d’une bonne réputation auprès de ses pairs ayant fait le déplacement d’Abuja. Deuxième président civil et élu du géant de l’Afrique de l’Ouest, Mister Goodluck affiche de grandes ambitions pour son pays. Il entend par exemple jouer un rôle moteur dans la démocratisation de la sous-région. Objectif bien noble dont les prémices ont été observées dans le rôle joué par le Nigeria et son président intérimaire d’alors, dans la lutte pour le triomphe du verdict des urnes en Côte d’Ivoire.
On se souvient en effet que, fort de son mandat à la tête de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Goodluck avait pris fait et cause pour Alassane Ouattara, président ivoirien élu et reconnu par la communauté internationale. Sous sa houlette, la CEDEAO avait même brandi la menace d’une intervention militaire pour faire respecter le verdict des urnes en Eburnie. Cette volonté de promouvoir la démocratie était donc un des credo de l’homme. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on l’aura vu à l’œuvre même si la CEDEAO avait été par la suite rendue inactive pour certaines raisons dont des questions d’ordre juridique et l’accaparement du dossier par l’Union africaine.
Pour incarner le rêve d’un pays qui assume pleinement son leadership, le Nigeria a cependant besoin de s’illustrer sur le plan démocratique. Et sur ce point, on peut dire qu’il est sur la bonne voie. L’amélioration de la qualité des élections, observée lors des derniers scrutins qu’a connus le pays et les positions de principe de ces leaders en ce qui concerne les valeurs démocratiques depuis le président Yar’Adua, prouvent que le pays a décidé de jouer dans la cour des grands. Il doit poursuivre sur cette lancée.
Car, c’est auréolé de son nouveau label de pays démocratique qu’il pourra forcer le respect sur les scènes sous-régionale, africaine et mondiale et prétendre balayer devant les portes des autres. Et s’il devient une référence démocratique sûre, le Nigeria sera mieux armé pour briguer un siège au Conseil de sécurité des Nations unies à la faveur des réformes de l’institution onusienne que des voix de plus en plus nombreuses appellent de tous leurs vœux.
Dans cette quête légitime de leadership sur la scène internationale, le Nigeria et son président doivent relever de nombreux défis et pas des moindres. Il s’agira d’abord et avant tout de travailler à consolider cette démocratisation en marche au plan interne. Cela est important car, comme le dit un dicton bien connu, "la charité bien ordonnée commence par soi-même". Il importe beaucoup que le Nigeria balaie soigneusement devant sa propre porte. La mauvaise gouvernance, la corruption, la violence doivent être efficacement combattues.
L’équité dans la redistribution des ressources du pays, notamment des revenus issus de l’exploitation pétrolière, doit être un maître-mot chez les nouvelles autorités. Tout cela pourra permettre au pays d’acquérir le label nécessaire pour servir ses ambitions. Au plan sous-régional aussi, le Nigeria devra peser de tout son poids pour le renforcement des institutions. Celles-ci, pour jouer à fond leur rôle, ont besoin de disposer de moyens suffisants et de tous ordres. Pour occuper la place qui lui revient dans le concert des nations, le géant ouest-africain doit donc livrer bataille sur deux fronts : interne et externe. Reste à espérer que cette volonté affichée des nouvelles autorités produise de bons résultats pour l’avènement d’un pays exemplaire, d’une sous-région modèle et au finish, d’un continent respectable, respecté et relevant avec brio le défi de sa responsabilité démocratique face au reste du monde.

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