(Afriscoop 31/05/2011)
(AfriSCOOP Analyse) —Une fois encore, Me Abdoulaye Wade, président du Sénégal, vient de donner raison à ceux qui estiment qu’il n’a pas sa langue dans sa poche. En confiant à nos confrères de « France 24 » qu’il est aussi pour un départ du Guide Kadhafi, Me Wade n’a fait que dire tout haut ce que bon nombre de ses pairs africains sont contraints de penser ! Même si cette annonce a été faite à pas de charge.
Elle est donc révolue l’époque au cours de laquelle la plupart des présidents d’Afrique sub-saharienne n’osaient pas contester publiquement les prises de position de Mouammar Kadhafi sur le continent noir. Lors de l’une de ses dernières visites en terre sénégalaise, le dirigeant libyen avait accordé publiquement son violon avec Me Wade au sujet de l’unité africaine dans divers domaines. La position anti-Kadhafi du président Wade de ce 28 mai signifie donc sans ambages que l’unanimité que le colonel Kadhafi avait construite autour de lui n’était que factice ! Devant les nombreux avantages qu’offrait « l’Ua bis » du dirigeant libyen, la Cen-Sad (Communauté des Etats sahélo-sahariens), il fallait fermer sa bouche.
Quand le régime “socialiste” de Tripoli ne récompensait pas les fidèles de la Cen-Sad via de lourds investissements, c’est au travers de dons conséquents qu’il le faisait. Même le pouvoir de Dakar qui se permet de tirer à boulets rouges sur Tripoli aujourd’hui a bénéficié, à un moment ou à un autre, des largesses du socialisme à la Libyenne. C’est dire que la sortie atypique du numéro un sénégalais résonne comme un duplicata forcé de la position tenue par MM. Obama et Sarkozy, ces derniers jours, dans le cadre du sommet du G8 de Deauville.
Abdoulaye Wade met le pied dans les plats !
Même s’il ne représente pas une voix écoutée en Afrique, le président Wade sait détonner quand ses pairs observent un mutisme incompréhensible sur des questions touchant l’intérêt et l’avenir du continent noir. Dans le dossier libyen, la plupart de présidents d’Afrique sont visiblement pris entre deux feux : celui du Guide de Tripoli et des puissances occidentales !! En l’occurrence Washington et Paris. Pour des chefs d’exécutif qui sont pour la plupart arrivés au pouvoir et qui s’y maintiennent par des moyens peu orthodoxes, vaut mieux ne pas courroucer les « maîtres du monde » qui apportent leur caution à ces acrobaties politiques qui n’ont encore la vie dure qu’en Afrique.
Mais, à coup sûr, c’est aux derniers efforts de médiation mis en branle par l’Ua (Union africaine) dans le dossier libyen qu’Abdoulaye Wade vient de porter une estocade, en se livrant à sa sortie de ce 28 mai 2011 !!! Officiellement, l’Ua prône toujours « un cessez-le-feu en Libye ». Un leitmotiv au nom duquel Jacob Zuma se rendra en début de semaine prochaine à Tripoli pour tenter d’arracher d’ultimes et déterminantes concessions à M. Kadhafi. Après la caution qu’a apportée Pretoria, Abuja et Libreville à « la résolution 1973 » qui a légalisé l’intervention de l’Otan en Libye, c’est donc le tour du président sénégalais de replonger l’Ua dans un grand charivari diplomatique qui avilit l’intelligence et l’honneur des Africains. C’est plus que jamais sûr : l’union africaine ne sera pas une réalité avec les dirigeants de la trempe de Me Wade…
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