(Le Monde 26/05/2011)
Abidjan, Envoyé spécial - Dans son rapport (PDF), publié mercredi 25 mai, sur les violences commises en Côte d'Ivoire depuis le déclenchement de la crise postélectorale en décembre 2010, Amnesty International critique la passivité des casques bleus de la mission des Nations unies (Onuci) dans le pays.
L'organisation de défense des droits de l'homme estime notamment que les soldats présents dans la région de Duékoué n'ont pas été en mesure de protéger les populations civiles alors que les forces républicaines (FRCI) du président Alassane Ouattara massacraient plusieurs centaines de personnes "triées", pour la plupart, à partir du 28 mars, en fonction de leur appartenance ethnique, censée prouver leur soutien à l'ancien chef de l'Etat Laurent Gbagbo.
Interrogé à ce sujet, le représentant de l'ONU à Abidjan, le Sud-Coréen Young-Jin Choi, a défendu l'action de ses troupes. "Elles ont été assiégées pendant quinze jours [fin mars-début avril]. Les forces de Laurent Gbagbo puis les FRCI leur tiraient dessus. Les FRCI ont aussi pris pour cible un hélicoptère de l'ONU", a-t-il expliqué au Monde.
Au final, M. Choi qualifie de "fiable et convenable" le travail des casques bleus, qui ont assuré la protection de plusieurs milliers de personnes déplacées et leur ont permis de rejoindre la Mission catholique de Duékoué, placée sous la protection de blindés de l'Onuci.
PLUS DE 10 000 SOLDATS
Déployée depuis 2004, la force internationale compte plus de 10 000 hommes en Côte d'Ivoire, un pays grand comme les deux-tiers de la France. La résolution 1975, adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le 30 mars 2011, lui a donné le mandat d'utiliser "tous les moyens nécessaires pour s'acquitter de la tâche qui lui incombe de protéger les civils (…), y compris pour empêcher l'utilisation d'armes lourdes contre la population civile".
Un bataillon de 200 soldats marocains est stationné dans la région de Duékoué, sur une base située entre deux quartiers qui ont été particulièrement ciblés par les attaques des deux camps.
Dans son rapport, Amnesty International "prend acte de l'action menée par les soldats marocains qui sont allés dans la brousse secourir des personnes qui avaient fui leur domicile suite à des menaces proférées par des FRCI et des éléments armés combattant avec eux".
Mais l'organisation de défense des droits de l'homme déplore "le nombre insuffisant de soldats de l'Onuci dans cette région" qui, sans décision d'y envoyer des renforts, n'ont pas été en mesure de protéger et d'assister tous les déplacés dont plusieurs milliers vivraient toujours cachés dans la brousse.
Christophe Châtelot
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