(20 minutes 05/02/2013)
Après l'ex-chef des «jeunes patriotes» Charles Blé Goudé,
une autre figure du régime ivoirien déchu a été arrêtée au Ghana et extradée
mardi: le commandant Jean-Noël Abéhi, un pilier de l'appareil sécuritaire de
l'ex-président Laurent Gbagbo, accusé de nombreuses exactions.Le
commandant Abéhi, ainsi que Jean-Yves Dibopieu, ancien chef d'un syndicat
étudiant pro-Gbagbo, «ont été arrêtés lundi au Ghana», a indiqué à l'AFP un haut
responsable de la sécurité ivoirienne.
«Ils ont été récupérés à la
frontière ce (mardi) matin, ils sont en Côte d'Ivoire», a expliqué une source
proche du ministère de l'Intérieur.
Chef de l'escadron blindé d'Agban, le
plus grand camp de gendarmerie du pays, basé à Abidjan, Jean-Noël Abéhi avait
pris la fuite après la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011, qui a
fait environ 3.000 morts et s'est conclue par la chute de Laurent
Gbagbo.
Responsable d'exactions?
Le commandant Abéhi est considéré
par ses détracteurs et des ONG internationales comme l'un des principaux
responsables d'exactions sous le régime Gbagbo, notamment durant la dernière
crise.
Il est soupçonné par le régime du président Alassane Ouattara
d'être impliqué dans des tentatives de déstabilisation et des attaques contre
les forces de sécurité ivoiriennes survenues au second semestre
2012.
Ancien chef de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte
d'Ivoire (Fesci), le redouté syndicat étudiant pro-Gbagbo, Jean-Yves Dibopieu
est un proche de Charles Blé Goudé, ex-leader des «jeunes patriotes» favorables
à l'ancien président. Les «patriotes» avaient organisé des manifestations
antifrançaises, parfois violentes, durant la dernière décennie.
«Dialogue
direct» pouvoir-opposition
Charles Blé Goudé a été arrêté le 17 janvier
au Ghana et extradé le lendemain à Abidjan. L'ex-«général de la rue», visé par
des sanctions de l'ONU depuis 2006, a été inculpé par la justice ivoirienne de
«crimes de guerre».
Après l'arrestation de Charles Blé Goudé, la fin de
cavale du commandant Abéhi est «un symbole fort», vu son rôle passé, a estimé
une source diplomatique occidentale interrogée par l'AFP.
Un membre de
l'entourage du président Ouattara s'est félicité de la collaboration nouvelle du
Ghana, qui est un asile pour des milliers de pro-Gbagbo, célèbres et anonymes,
depuis la fin de la crise.
Selon cette source, les derniers
développements «montrent que le président ghanéen John Dramani Mahama a vraiment
la main depuis son élection» en décembre 2012, après avoir été plusieurs mois
chef de l'Etat par intérim à la suite du décès de son prédécesseur John Atta
Mills.
Parallèlement, le gouvernement ivoirien mène depuis mi-janvier un
«dialogue direct» avec le Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent
Gbagbo.
L'un des objectifs des discussions est de permettre la
participation de la principale formation d'opposition aux prochaines élections
locales, initialement prévues le 24 février et reportées sine die.
Mais,
selon le «rapport de synthèse» de ce dialogue, le FPI conditionne sa
participation à ces scrutins à l'adoption d'une loi d'amnistie. Pas de
réconciliation sans «justice», ont répliqué les autorités.
Plusieurs
personnalités de l'ancien pouvoir - dont l'ex-Première dame, Simone Gbagbo -
sont détenues depuis la fin de la crise postélectorale. Des dizaines d'autres
personnes, des civils et des militaires en poste sous le régime déchu, sont
aussi en prison, souvent dans le Nord.
Laurent Gbagbo est détenu depuis
fin 2011 à La Haye par la Cour pénale internationale, qui le soupçonne de crimes
contre l'humanité. L'audience «de confirmation des charges» devant permettre de
décider de la tenue de son éventuel procès doit démarrer le 19
février.
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Mis à jour le 05.02.13 à 14h55
© 2013 AFP
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