(Le Monde 26/02/2013) Un responsable de la communication de l'armée malienne a
annoncé, lundi 25 février au soir, à la télévision publique ORTM, que des
militaires maliens "fautifs", accusés d'exactions dans le cadre de la guerre en
cours contre les djihadistes, avaient été rappelés du nord du Mali.
Des
"éléments ont manqué de tact dans certaines situations, et le chef d'état-major
général a pris des dispositions, il a rappelé les éléments fautifs et qui seront
mis à la disposition des autorités judiciaires", a déclaré le capitaine Modibo
Naman Traoré, de la direction de l'information publique des armées, à l'antenne
de cette chaîne de télévision captée à Dakar.
Le capitaine Traoré
s'exprimait dans un programme quotidien de l'ORTM intitulé "Sur la ligne de
front", diffusé en soirée et consacré à l'actualité de la guerre au Mali. Le
présentateur l'a interrogé sur les accusations portées contre des soldats
maliens d'exactions commises sur des civils à Tombouctou et sur des images
diffusées par "certains médias internationaux" sur ce sujet. Le capitaine Traoré
n'a pas fourni plus de détails à ce sujet, ni sur l'éventuelle enquête ayant
permis d'identifier les présumés auteurs d'exactions, leur nombre ou les dates
des faits, ni sur ce qui leur est exactement reproché. Le présentateur de
l'émission n'a de son côté identifié aucun des "médias internationaux" évoqués,
mais il a estimé que les images qu'ils ont diffusées – et que l'ORTM n'a pas
montrées – "ne font pas honneur" à l'armée malienne.
Depuis janvier, des
opérations militaires sont menées par le Mali, appuyé par la France et plusieurs
Etats africains, pour chasser des groupes armés liés à Al-Qaida qui ont occupé
le nord du Mali pendant près de dix mois entre 2012 et 2013, y commettant de
nombreuses exactions au nom de la charia, la loi islamique.
Selon
plusieurs témoins et des organisations non gouvernementales de défense des
droits de l'homme, ces opérations militaires se sont accompagnées d'exactions de
la part de soldats maliens contre des personnes accusées d'avoir collaboré avec
les islamistes armés, particulièrement au sein de communautés de Maliens à la
peau claire, dont les Touareg et les Arabes.
Doutes de Washington sur un
retrait français dès mars
Deux sénateurs américains fraîchement rentrés
du Mali ont appelé, lundi 25 février, la France à rester engagée militairement
au Mali au-delà de mars, vu l'impréparation des contingents africains appelés à
prendre la relève. "Je suis inquiet des déclarations publiques optimistes des
Français, selon lesquelles ils ont réussi à disperser les extrémistes", a dit à
des journalistes Christopher Coons, spécialiste de l'Afrique à la commission des
affaires étrangères. "La stabilisation de la situation pourrait requérir une
présence militaire française plus durable", a dit l'élu démocrate au retour
d'une tournée africaine, lors de laquelle il a notamment rencontré le commandant
des forces françaises au Mali.
"Sans partenaire pour assurer les
évacuations médicales, le transport aérien, la surveillance et la logistique,
les villes du Nord sont vulnérables et risquent d'être reprises", a jugé le
sénateur, tout en louant l'action des Français. Les soldats africains "ne sont
pas prêts pour se battre dans le désert". - (avec AFP)
Le
Monde.fr avec AFP |
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