(France 24 20/02/2013)
Devant la Cour pénale internationale, les avocats de Laurent
Gbagbo, soupçonné d’être le "co-auteur indirect" de crimes contre l'humanité,
dénoncent des accusations fondées sur des éléments transmis par les autorités
ivoiriennes.
Au deuxième jour des audiences de la Cour pénale
internationale (CPI) destinées à étudier les c
harges pesant contre Laurent
Gbagbo, qui comparaît devant les juges depuis mardi 19 février, la défense s’est
employée à démonter les éléments de l’accusation. "Tout se passe comme si le
procureur avait été convaincu dès le début qu’il n’y avait qu’un seul
responsable au drame ivoirien, a attaqué Me Emmanuel Altit, l’un des avocats de
l’ancien président ivoirien, lors de sa déclaration liminaire. Or, selon lui,
"il n’existe aucune base factuelle aux accusations […] Le récit du procureur est
biaisé car il dépend des éléments transmis par les autorités
ivoiriennes."
L’ancien chef de l’État ivoirien, aujourd’hui âgé de 67
ans, est soupçonné d'être le "co-auteur indirect" de crimes contre l’humanité
commis pendant les violences post-électorales de 2010-2011, nées de son refus de
reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle, pourtant
proclamée par la commission nationale électorale ivoirienne.
"M. Gbagbo
et les forces sous son contrôle sont responsables de la mort, des viols, des
blessures graves et de la détention arbitraire de nombreux citoyens, respectueux
des lois, perçus comme soutenant M. Ouattara", son rival lors de l'élection,
avait déclaré, mardi, le procureur de la CPI, Fatou Bensouda, lors de sa
déclaration liminaire.
Cette audience de confirmation des charges, d'une
durée de huit jours, doit permettre aux juges de la CPI de décider si les
éléments de preuves rassemblées par l'accusation sont assez solides pour
permettre, plus tard, la tenue d'un procès pour crime contre
l’humanité.
Les avocats de Gbagbo ont demandé aux juges de le
libérer
L’enjeu pour la défense de Laurent Gbagbo consiste donc,
mercredi, "à détruire le dossier du procureur", affirme Stéphanie Maupas,
correspondante de FRANCE 24 à La Haye. Selon le bureau du procureur, l’ancien
chef de l’État et son entourage avaient fomenté "un plan pour rester au pouvoir
à tout prix à travers des attaques mortelles, planifiées avec soin" contre des
supporters de son rival. "Le procureur, qui devra prouver que son dossier est
solide, dispose de 614 pièces, qui sont des témoignages mais aussi des documents
saisis dans la résidence présidentielle de Laurent Gbagbo après son arrestation
le 14 avril 2011", précise Stéphanie Maurepas.
Si la défense parvient à
"décrédibiliser les pièces présentées, Laurent Gbagbo pourrait bénéficier d’un
non-lieu", indique notre correspondante. Mais, sur le fond, les avocats de
l’ex-numéro un ivoirien ont d’ores et déjà demandé aux juges de le
libérer.
"La défense estime que la CPI ne doit intervenir qu'en dernier
ressort, quand un État n'est pas en mesure de juger ses ressortissants. Or la
justice ivoirienne fonctionne, explique Stéphanie Maupas, correspondante de
FRANCE 24 à La Haye. Bien évidemment, ils ne demandent pas que l'ancien
président soit renvoyé devant une cour ivoirienne, mais ils demandent aux juges
de se déclarer incompétents et de le libérer."
Par FRANCE 24 (texte)
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