Adjinon Kossi Lambert, Towbeli Kouma et Pali
Afeignindou avaient été jugés et condamnés le 15 septembre 2011, pour complot
contre la sûreté intérieure de l’Etat en avril 2009. Au cours du procès, Adjinon
Kossi Lambert et Pali Afeignindou avaient écopé de cinq ans de réclusion, et
Towbeli Kouma, de 15 ans. Ils auraient introduit des demandes de grâce auprès du
président de la République. Le chef de l’Etat avait décidé, après avis du
Conseil supérieur de la magistrature, d’accorder une remise de peine aux trois
requérants. Les dernières mesures du pouvoir togolais pourraient présager de la
future libération de Kpatcha Gnassingbé, frère aîné de l’actuel chef de l’Etat.
Les deux fils du défunt général-président se sont longtemps tiraillés pour
prendre la succession de feu le père Eyadema. Accusé à un moment donné d’avoir
tenté de fomenter un complot en vue de renverser le régime actuel, Kpatcha s’est
retrouvé au fond des geôles de son héritier de frère. Depuis, nombre de
manifestants ont réclamé sa libération et celle de ses co-détenus. L’on s’attend
à le voir libéré mais, véritablement, la patience demeure pour certains un vrai
chemin d’or.Depuis l’annonce faite le jeudi 14 février par la télévision nationale, citant une source de la présidence, les familles concernées attendent avec impatience que les portes des prisons s‘ouvrent grandement. Cela, pour le grand bien de ceux qui y croupissent, le plus souvent pour des raisons purement politiques. Trop de dossiers noirs assombrissent la belle image du Togo depuis des années. Il est temps de desserrer l’étau. Car, tout se passe comme si les caciques du pouvoir togolais s’étaient réfugiés dans une sorte de fuite en avant sécuritaire, laquelle les contraindrait aujourd’hui, à vouloir redorer le blason terni.
En tout cas, l’Afrique des démocrates aura beaucoup été déçue par Faure Gnassingbé. On aura longtemps et inutilement attendu de lui cette perestroïka à la togolaise qui aurait pu libérer les énergies créatrices d’une jeunesse écœurée d’attendre. Un vrai coup de barre, un réel changement aurait pu épargner à ce pays ces multiples convulsions qui l’ont caractérisé des années durant, occasionnant de sérieux retards, et incitant de nombreux jeunes cadres à prendre le chemin de l’exil malgré eux. Comme dans toute aventure de ce genre, au finish, le jeune successeur se sera donc fait avaler par la vieille garde de son père. De sorte que les choses ne semblent guère évoluer dans ce pays. Certains continuent de toujours prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages. C’est oublier que demain, il faudra bien rendre compte au peuple togolais, mais aussi à la communauté internationale qui est depuis longtemps scandalisée par ce qui se passe dans ce pays dont l’hymne national magnifie pourtant la paix et la solidarité.
Quelles que soient ses fautes, Kpatcha est avant tout un frère avec lequel il faudrait un jour trouver un compromis de famille. La tradition a des voies pour cela. C’est aussi un citoyen, qui mérite de jour de ses droits civiques. Persister à se regarder en chiens de faïence au point de prendre l’avenir de tout un peuple en otage, n’arrangera rien. Il est temps de se réconcilier, de reprendre ensuite langue avec les opposants de toutes origines, afin de trouver le consensus qui sauvera le Togo. Car Faure ne peut se permettre à la fois de gérer des dissensions dans sa propre famille et d’avoir également sur le dos une opposition très pugnace. On pourra, dès lors, passer à autre chose. La paix n’a guère de prix. Il faut s’y résoudre. Persister dans le chacun-pour-soi, conduira le pays tôt ou tard à sa perte, avec le poids des responsabilités que la postérité reconnaîtra à chacun. A Faure le frère puîné, de faire en sorte que Kpatcha le frère aîné, bénéficie d’un élargissement, quoi qu’en disent certains. ll faut un début à tout processus de réconciliation.
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