(Afrik.com 27/02/2013) Les dirigeants de la Communauté économique des Etats de
l’Afrique de l’ouest (Cedeao) se réunissent ce mercredi à Yamassoukro pour
parler du Mali. Ils n’ont effectué aucune déclaration depuis le début de
l’intervention militaire de la France au Mali. Un silence troublant qui révèle
leur malaise.
Un silence troublant. A quoi jouent les chefs d’Etat la
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ? Pourquoi sont-ils
aussi silencieux depuis l’intervention de la France au Mali. Alors que
l’initiative de Paris a été unanimement soutenue à l’international, aucun d’eux
n’a réagi.
Seul le président béninois Yayi Boni a salué l’engagement de
la France au Mali, affirmant qu’il était « aux anges ». « Je voudrais
absolument, au nom du continent, exprimer notre gratitude à la République
française, à son président, à son gouvernement, à tout le peuple français, qui
ont su apprécier (...) la gravité de la situation », a-t-il déclaré, début
janvier.
Les dirigeants de l’organisation ouest-africaine, eux, se
terrent dans leur mutisme. Ni Alassane Ouattara, président en exercice de la
Cedeao, ni Macky Sall, ou encore Blaise Compaoré, ne se sont exprimés sur la
guerre au Mali.
Organisation désorganisée
Un mutisme qui n’a rien
d’étonnant, selon le Guinéen Lanciny Camara, président de l’Union internationale
des journalistes africains : « Les chefs d’Etats de la Cedeao n’ont rien à
proposer. Ils sont en état de panique ! Ils sont désorganisés et ne savent plus
quoi faire ni quoi dire ! J’espère que l’on va tirer les leçons de ce qui s’est
passé au Mali pour redresser la situation sécuritaire dans la région
».
Un silence révélateur du profond malaise des dirigeants de
l’organisation ouest-africaine, pris de cours par le choix de François Hollande
d’envoyer rapidement des troupes au Mali pour mettre un terme à la progression
des islamistes vers Bamako.
Multipliant les réunions et sommets d’urgence
après l’éclatement de la crise malienne, la Cedeao, au départ divisée sur la
question, n’a jamais trouvé la bonne formule pour faire face à la situation dans
laquelle se trouvait le Mali. Ce qui explique en partie le temps qu’elle a mis à
réagir pour se pencher concrètement sur le conflit.
Le Tchad réclame
l’envoi des troupes de la Cedeao dans le nord
Les chefs d’Etats de
l’organisation ouest-africaine se sont à nouveau donnés rendez-vous ce mercredi,
à Yamassoukro, la capitale politique ivoirienne. Un sommet auquel l’Algérie a
été convié. Au menu, la situation du Mali, où les combats font rage. Plusieurs
contingents africains envoyés par la Cedeao sont sur place. A terme, près de
8000 hommes devraient être déployés dans le cadre de la Mission internationale
au Mali (Misma).
Le chef d’Etat tchadien Idriss Deby, qui s’est rendu
également au sommet de la Cedeao à Yamoussoukro, a appelé la force
ouest-africaine et l’armée malienne à accélérer leur déploiement dans le nord du
Mali pour combattre avec les soldats français et tchadiens les groupes
islamistes. « L’heure n’est plus aux discours (...) mais plutôt à l’action,
l’ennemi n’attend pas », a-t-il dit à l’ouverture d’un sommet. « Nous appelons
l’état-major de la Cedeao à plus de célérité en accélérant l’envoi des troupes
dans la zone libérée, a-t-il affirmé, appelant aussi les soldats maliens à
rejoindre le Nord », selon l’AFP.
La Cedeao, elle, réclame plus de
financement pour pouvoir mener à bien son intervention au Mali. Le ministre des
Affaires étrangères ivoirien Charles Koffi Diby a affirmé mardi lors d’une
réunion de l’organisation ouest-africaine, à Abidjan, que les « exigences d’une
guerre asymétrique ou d’usure que les narcoterroristes, dans leur activisme,
pourraient engendrer le relèvement des effectifs ».
« Critiques violentes
de Yoweri Musevini »
Mal entrainées et mal équipées, les troupes de
l’organisation ouest-africaines ne sont pas encore prêtes à combattre sur le
champ de bataille. D’ailleurs, le 20 janvier dernier, le président de la
Commission de la (Cedeao), Désiré Kadré Ouédraogo, avait fait état de leur
manque de moyen, réclamant au moins une aide de 500 millions de dollars pour une
intervention militaire.
Une incapacité de la Cedeao à défendre ces
territoires violemment critiqué par le président ougandais Yoweri Musevini, lors
d’un entretien accordé à la BBC : « Le fait que les africains ne puissent pas
défendre leur propre territoire, je trouve cela honteux. C’est honteux qu’on
fasse appel aux français ou autres. A quoi servent les Armées africaines ? Le
Mali est indépendant depuis 50 ans et le pays est dirigé par des hommes en
uniforme. A quoi sert cette Armée si elle ne peut pas défendre le pays ?
».
Une diatribe remise en cause par le président ghanéen John Dramani
Mahama, qui argue que les difficultés économiques des Etats africains leur
contraignent de concentrer « leurs dépenses sur les accès à la santé et à
l’éducation de leurs populations ». Des populations qui demandent aussi à être
protégées par leurs dirigeants. Seulement, ces derniers ne sont pas en mesure de
répondre à une telle exigence dans la plupart des pays du
continent.
mercredi 27 février 2013 / par Assanatou Baldé
© Copyright
Afrik.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire