mercredi 20 février 2013

Côte d'Ivoire - Bras de fer autour de Simone Gbagbo

(Le Temps.ch 20/02/2013) L’ex-première dame est toujours en résidence surveillée à Odienné, dans le nord-ouest du pays. Elle est, comme Laurent Gbagbo, visée par un mandat d’arrêt de la CPI pour crime contre l’humanité. Mais les autorités font valoir que la justice ivoirienne a dorénavant les moyens de gérer ce dossier
Une décision quant au transfèrement à La Haye de Simone Gbagbo sera prise «dans les semaines et les mois qui viennent», déclarait le 4 décembre dernier le président ivoirien Alassane Ouattara, en marge d’une visite à Paris. Depuis, plus rien. Arrêtée comme son mari en avril 2011, l’ex-première dame de Côte d’Ivoire est toujours en résidence surveillée à Odienné, dans le nord-ouest du pays. Les conditions sont décentes, mais elle est sous haute surveillance et ses visites sont strictement limitées.
Faute de réaction des autorités ivoiriennes, en novembre 2012, la Cour pénale internationale (CPI) a rendu public le mandat d’arrêt secrètement émis neuf mois plus tôt, l’accusant, comme son époux, d’avoir été «coauteur indirect» de crimes contre l’humanité. Mais tout laisse à penser que la Côte d’Ivoire tient à conserver la main sur le dossier. Elle fait valoir que sa justice est désormais capable de traiter ces affaires.
D’autres arguments, officieux, pèseraient lourd dans la balance: «L’Afrique répugne à extrader des femmes, relève un militant des droits de l’homme. En outre, les autorités veulent pouvoir garder Simone Gbagbo à l’œil, parce qu’elles la pensent dangereuse. A La Haye, Laurent Gbagbo jouit d’une certaine latitude. Il continue de consulter ses mails, reçoit des visiteurs et fait passer des messages.» Le gouvernement ne tiendrait pas non plus à pousser trop loin la coopération avec la CPI, dont les enquêtes sont toujours en cours. Elles doivent théoriquement viser tous les camps, or, pour l’heure, seuls les crimes commis dans celui de Laurent Gbagbo ont été examinés.
Sur le papier, les instructions ivoiriennes concernant Simone Gbagbo sont censées se clôturer en avril. Son procès pourrait démarrer avant la fin de l’année.

Angélique Mounier-Kuhn
mercredi20 février 2013

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