(Liberation 21/02/2013)
L'avocat de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo,
soupçonné de crimes contre l'humanité commis pendant la crise post-électorale de
2010-2011, a assuré mercredi qu'il n'y avait aucune preuve à l'encontre de son
client et qu'il s'agissait d'un "procès politique".
"Le peuple ivoirien
aurait mérité un autre procès qu'un procès politique, il aurait mérité que soit
instruit le procès des vrais responsables de la destruction depuis une décennie
du pays et la Cour aurait mérité de pouvoir se pencher sur ce qui s'est
réellement passé en Côte d'Ivoire", a déclaré l'avocat français Emmanuel Altit,
au deuxième jour de l'audience de confirmation des charges contre Laurent Gbagbo
à la Cour pénale internationale (CPI).
Premier ex-chef d'Etat remis à la
CPI, Laurent Gbagbo, 67 ans, est soupçonné d'être "co-auteur indirect" de quatre
chefs de crimes contre l'humanité, commis pendant les violences post-électorales
de 2010-2011.
"Le dossier de l'accusation est parcellaire, lacunaire : la
réalité des faits ne cadrant pas avec ses accusations, le procureur a dû en
occulter quelques uns", a ajouté l'avocat, soulignant : "il n'y a nulle trace
d'enquête, le procureur n'apporte aucun élément probant, il n'y a rien" dans le
dossier.
Si Laurent Gbagbo est actuellement à la CPI, et sa femme,
Simone, également sous le coup d'un mandat d'arrêt de la CPI, est détenue en
Côte d'Ivoire, aucune personnalité pro-Ouattara n'a été
inquiétée.
"Pourquoi ne sont-ils pas là, pourquoi ne sont-ils pas
poursuivis?", s'est interrogé M. Altit, citant notamment plusieurs personnalités
occupant des postes clés sous le régime de M. Ouattara.
La défense de
l'ancien président a par ailleurs mis en cause le rôle de la France dans la
chute de Laurent Gbagbo : "il s'agit non seulement d'une affaire ivoirienne mais
aussi d'une affaire française".
Laurent Gbagbo avait été arrêté le 11
avril 2011 sous le feu des forces françaises et de l'ONU après avoir refusé de
reconnaître la victoire au second tour de l'élection présidentielle le 28
novembre 2010 de son rival Alassane Ouattara, certifiée par l'ONU.
Ce
refus de quitter son poste après 10 ans au pouvoir a plongé la Côte d'Ivoire
dans une violente crise longue de cinq mois qui a coûté la vie à près de 3.000
personnes.
Cette audience de confirmation des charges, qui devrait se
conclure le 28 février par une déclaration de M. Gbagbo, doit permettre aux
juges d'examiner si les éléments de preuves rassemblés par l'accusation sont
suffisamment solides pour permettre, plus tard, la tenue d'un
procès.
Mardi, l'accusation avait déclaré que le plan mis en place par
Laurent Gbagbo avait mené la Côte d'Ivoire à la violence et au chaos, et qu'il
était responsable "de la mort, des viols, des blessures graves et de la
détention arbitraire de nombreux citoyens, respectueux des lois, perçus comme
soutenant M. Ouattara".
Par AFP
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Liberation
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