(Xinhuanet 21/02/2013) YAOUNDE -- Un financement de 50 millions USD, soit environ
25 milliards de francs CFA, est accordé par la Banque mondiale au Cameroun pour
la mise en oeuvre d'un programme national de filets sociaux sur cinq ans,
destiné dès 2014 après un projet pilote en voie de lancement, à 70.000 ménages
dans cinq des dix régions du pays.
Ce programme présenté mercredi à
Yaoundé est une réponse du gouvernement camerounais à une recommandation de la
Banque mondiale pour la mise en place d'un système cohérent et efficace de
filets sociaux, visant à améliorer de manière plus substantielle les conditions
de vie des populations en vue de la réduction du taux de pauvreté qui demeure
élevé dans ce pays d'Afrique centrale.
De l'avis du ministre de
l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire, Emmanuel
Nganou Djoumessi, « la mise en place d'un système cohérent et efficace de filets
sociaux participe d'un combat contre les inégalités diverses, de la lutte contre
la vulnérabilité, de l'expression de la solidarité nationale en faveur de ceux
ou de celles qui, pour causes naturelles, historiques, pourraient se sentir en
marge du progrès social ».
« En effet, a-t-il poursuivi, les filets
sociaux visent à aménager les conditions de vie acceptables des populations qui
vivent en état de pauvreté chronique et des groupes vulnérables, à travers des
programmes de transferts non contributifs, ciblés, notamment les transferts
monétaires ou les travaux publics ou encore les appuis aux enfants
».
Dans son Document de stratégie pour la croissance et l'emploi (DSCE)
adopté en 2009, le gouvernement se propose de réduire de 40% en 2007 à moins de
28% le taux de pauvreté monétaire au cours de la période d'exécution 2010-2020
et de réaliser l'ensemble des Objectifs du millénaire pour le développement
(OMD).
Avant le programme national en vue, il a réalisé en 2011, avec
l'appui de la Banque mondiale, une étude sur les filets sociaux qui a conclu à
un manque de visibilité en matière de protection sociale dû, d'une part, à
l'absence d'« un système coordonné de programmes de filets sociaux bien ancré à
une politique nationale de protection sociale » et au fait que les programmes
existants « ne sont pas adaptés pour s'attaquer efficacement au problème de la
pauvreté ».
D'autre part, cette étude évoquée par le ministre de l'
Economie, en présence du représentant-résident de la Banque mondiale, Gregor
Binkert, et de Ritva Reinikka, directrice du développement humain pour la région
Afrique au sein de cette institution à Washington, a démontré que « l'enveloppe
budgétaire allouée aux activités à la protection sociale est très faible et
largement dominée par les dépenses en matière de santé et d'éducation
».
D'après le récent numéro des Cahiers économiques du Cameroun de
janvier 2013 de la Banque mondiale, dans le secteur de la santé par exemple,
alors que le niveau des dépenses publiques s'établit à 61 USD par habitant et
par an, le profil épidémiologique du pays correspond davantage à celui de pays à
très faible niveau de dépenses par habitant (de l'ordre de 10 à 15 USD par
habitant et par an).
L'enquête de suivi des dépenses publiques de 2009,
rappelle cette revue, a relevé que 35 à 40% des crédits budgétaires étaient
déclarés comme n'atteignant jamais les services de santé locaux.
Par
ailleurs, a en outre précisé Emmanuel Nganou Djoumessi, « les subventions des
prix des carburants sont très coûteux et représentent en 2011 environ 2,7% du
PIB, mais ne ciblent pas les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables
» dans un pays où quatre personnes sur dix vivent en dessous du seuil de
pauvreté, avec un taux de pauvreté chronique touchant 26,1% de la population,
c'est-à-dire celle qui ne peut subvenir à ses besoins essentiels.
De 6,2
millions en 2001, le nombre de pauvres au Cameroun est passé à 7,1 millions en
2007. Sur les dix régions du pays, l'Adamaoua, le Nord, l'Extrême-Nord, l'Est et
le Nord-Ouest sont les plus touchées par la pauvreté et une dizaine sur les 58
départements abrite 60% de personnes en état de pauvreté chronique, d'après les
statistiques officielles.
L'étude sur les filets sociaux a surtout montré
que le Cameroun alloue 0,2% de son PIB aux filets de protection sociale, un des
pourcentages les plus bas d'Afrique, selon la Banque mondiale qui observe que «
le pays à faible revenu et le pays à revenu intermédiaire y consacrent
respectivement des ratios sept à dix fois plus élevés ».
Avec un accent
sur les transferts directs en espèces et les programmes relatifs aux travaux
publics, la mise en place des programmes intitulés « Projet Filets Sociaux » se
fera, selon les explications du ministre de l'Economie, en deux étapes :
l'expérimentation d'un projet pilote de transferts monétaires financé par
l'Etat, avant le passage à l'échelle avec la réalisation du programme national
de filets sociaux.
Le projet pilote, a-t-on appris, permettra à 2.000
ménages de l'Extrême-Nord (1.500) et du Nord-Ouest (500) de bénéficier chacun,
dès avril 2013, d'un transfert monétaire de 15.000 francs CFA (30 USD) en
moyenne par mois, pendant 24 mois.
D'un financement de 50 millions USD de
la Banque mondiale, le programme national de filets sociaux qui suivra dès 2014
prévoit, pour sa part, des transferts monétaires de même montant et de même
durée à 40.000 ménages et des petits emplois temporaires au profit de 30.000
autres ménages dans le cadre d'un programme pilote de travaux publics à haute
intensité de main d'oeuvre.
En résumé, c'est un total de 70.000 ménages
concernés par le programme, dont 65.000 choisis dans les cinq régions les plus
pauvres et 5.000 dans les villes de Yaoundé et Douala.
Sous le titre «
gérer les risques, promouvoir la croissance », la stratégie de protection
sociale de la Banque mondiale en Afrique, 2012-2020, propose la mise en place de
systèmes de filets sociaux pour une meilleure réduction de la pauvreté sur le
continent.
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