Documentaire. Sur Arte à 10h15
“China go home !” Lors de la campagne électorale de septembre 2006, le programme de l’opposition zambienne se résuma à ce simple slogan. Une manière de prospérer sur le ressentiment antichinois grandissant dans le pays. Quelques mois plus tôt, deux faits-divers avaient défrayé la chronique : une grève d’ouvriers zambiens, réclamant un meilleur salaire que les 75 euros mensuels alloués par une firme de Pékin, avait dégénéré en bataille rangée avec leurs contremaîtres chinois ; et une explosion dans une mine de cuivre exploitée par une société chinoise avait fait une cinquantaine de morts, victimes de conditions de sécurité catastrophiques. Pourtant en tête des sondages, l’opposition perdit de peu les élections. Elle accusa le gouvernement et l’ambassade de Chine d’avoir bourré les urnes. Sans suite.
En 2010, date de la réalisation de ce documentaire, entre 40 000 et 80 000 citoyens de l’empire du Milieu résidaient en Zambie, ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1964. Une indépendance déjà perdue ? Depuis vingt ans, l’influence des Chinois sur cet Etat africain de 12 millions d’habitants est grandissante : ils reprennent l’exploitation des mines, construisent des routes, montent des exploitations agricoles.
Monsieur Liu est arrivé en 2006 en Zambie, avec femme et enfant. "En Chine, j’étais un employé. Mon salaire couvrait à peine mes dépenses quotidiennes. Ici, je suis un employeur. J’ai déjà acheté trois fermes… " Les autochtones ont souvent l’impression que les nouveaux venus ne les respectent pas : "Jamais ils ne nous laissent seuls, se plaint un ouvrier. Et on mange chaque jour la même chose. Même les animaux que nous élevons ne mangent pas tous les jours la même chose."
Monsieur Li, lui, a d’autres préoccupations. Employé par une firme paragouvernementale chinoise, il peine à boucler le chantier, faute d’argent. Seuls 30 % des financements ont été versés par le gouvernement zambien. Il a du mal aussi à se faire aux subtilités locales : alors qu’il recherche un conducteur d’engins, un candidat au permis tout neuf lui affirme qu’il conduit depuis dix ans… Autant de scènes empreintes d’incommunicabilité, de hiatus culturels, que les caméras ont su saisir. Même si des commentaires en voix off auraient aidé à remettre le tout en perspective.
Vincent Monnier
teleobs.nouvelobs.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire