(Le Figaro 18/02/2013)
Sept employés d'une société libanaise ont été enlevés dans
le nord du pays. Ansaru, un groupe islamiste, a revendiqué ces rapts.
Le
rythme des enlèvements s'accélère au Nigeria. Samedi soir, sept étrangers,
employés d'une société de construction libanaise, ont été kidnappés à Jama'are,
une petite ville de l'État de Bauchi, au nord du pays. Selon la police locale,
les victimes seraient d'origine libanaise mais aussi italienne, britannique et
grecque. Ansaru, un groupe islamiste nigérian, a revendiqué lundi ces rapts.
La compagnie Setraco Nigeria Limited, une entreprise de construction et
d'ingénierie civile, a confirmé ces rapts sans en dire plus. Le 19 décembre
dernier, un Français, Francis Collomp, avait été enlevé non loin, à Katsina,
près de la frontière du Niger. La responsabilité de ce kidnapping avait déjà été
endossée par Ansaru. Dès l'annonce de cette attaque, la quatrième en quelques
mois, les soupçons se dirigeaient vers les djihadistes qui mènent une guerre
dans cette région contre le pouvoir central. Le raid, très violent, porte leur
marque de fabrique.
Un témoin affirme que les assaillants, bien armés,
sont arrivés en début de soirée à bord de cinq véhicules tout-terrain et ont
immédiatement attaqué la prison et un poste de police où ils ont été repoussés.
Ils ont ensuite envahi la maison où vivaient les ouvriers, tuant un garde, avant
de prendre la fuite avec leurs victimes. Peu avant, une offensive semblable
avait visé un commissariat de la ville de Kafin Madaki, à environ 40 kilomètres
de Bauchi.
Des liens avec Aqmi
Ansaru s'est fait une spécialité
des enlèvements. Ce groupe mystérieux, qui serait une scission de Boko Haram
auquel il reprocherait sa violence à l'égard des musulmans, est plus proche
d'al-Qaida dont il a adopté les méthodes et l'idéologie vivement
antioccidentale. À l'automne dernier, la milice avait enlevé un ingénieur
britannique. Ce dernier avait trouvé la mort lors d'une tentative de libération
conduite par les forces nigérianes et britanniques.
Boko Haram, active
dans tout le nord du pays, a aussi largement les moyens militaires de conduire
ce type d'attaques. La secte a, ces dernières années, tué plusieurs milliers de
personnes dans des attentats ou des opérations de ce type. Seulement, elle
cible, pour l'instant, plus particulièrement la minorité chrétienne et les
symboles de l'autorité fédérale, comme les postes de police ou les bâtiments
administratifs. Boko Haram n'a jamais eu officiellement recours aux prises
d'otages.
Pour un militant des droits de l'homme et spécialiste des
conflits religieux dans le nord du Nigeria, Shehu Sani, il est possible que les
islamistes cherchent à «attirer davantage l'attention au niveau international».
Ansaru avait ainsi affirmé, fin décembre 2012, avoir capturé Francis Collomp
pour protester contre les préparatifs militaires français au Mali. Des
connexions existent entre les groupes islamistes nigérians et le Mujao, Ansar
Dine et Aqmi, qui opèrent dans le nord du Mali.
Par Tanguy
Berthemet
Par Tanguy Berthemet Mis à jour le 18/02/2013 à 15:20
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