mardi 18 octobre 2011

Liberia - BALLOTTAGE DE ELLEN JOHNSON SIRLEAF: le signe d’une vitalité démocratique

(Le Pays 18/10/2011)

Au finish, l’on a abouti à un second tour au Liberia. La présidente sortante, Ellen Johnson Sirleaf, n’a pas pu passer haut la main dès le premier tour de la présidentielle du lundi 10 octobre dernier. L’écart entre elle et son rival Winston Tubman (respectivement 44% contre 32,2%) en dit long sur le duel qui s’annonce plutôt corsé entre les deux candidats au second tour.
Autant dire que ni le bilan de celle que l’on surnomme la dame de fer, ni son programme de campagne politique, encore moins son tout nouveau titre de prix Nobel de la paix, n’ont convaincu les Libériens à lui accorder massivement leurs voix, pour lui permettre de passer au premier tour. A se demander si attribuer un prix Nobel de la paix à un président en exercice est toujours synonyme de lui faire une faveur. En tout cas, si les Libériens ne se sont pas moqués du nouveau titre de Sirleaf en exprimant cela dans les urnes, ils semblent cependant dire qu’entre ce titre honorifique et la réalité, il y a un pas à franchir. Tout compte fait, on peut dire, à mi-chemin de ce feuilleton électoral, que les Libériens, la classe politique surtout, surprennent agréablement. Cela pour trois raisons au moins.
Premièrement, le ballottage de la candidate à sa propre succession, Ellen Johnson Sirleaf, est le signe parlant d’une vitalité démocratique au Liberia. En effet, les "Républiques gondwanaises", pour reprendre l’expression chère à l’humoriste Mamane, nous ont habitués à des scrutins rocambolesques où le "président-fondateur" passe dès le premier tour avec un score digne de Staline. D’aucuns ont d’ailleurs pris le soin de limiter les scrutins présidentiels à un tour, pour éviter toute velléité de ballottage, voire d’alternance. Deuxièmement, les Libériens surprennent agréablement du fait de la diligence dans la proclamation des résultats du second tour.
Ils ont mis moins d’une semaine pour faire le travail que beaucoup prennent des semaines, voire plus. Au Cameroun de Paul Biya où la présidentielle a eu lieu bien avant celle du Liberia, les résultats sont attendus à une date ultérieure. On se presse trop lentement. Pour tailler des chiffres à la hauteur et aux humeurs du prince, cela demande évidemment du temps, surtout de la prudence. Troisièmement, les Libériens ont fait preuve de maturité politique, surtout de sagesse.
Les résultats du second tour n’ont pas suscité de remous de nature à réveiller les vieux démons. Ce qui manque souvent sous les tropiques africains. Les Libériens montrent surtout qu’ils ont encore en mémoire la guerre civile qui a longtemps endeuillé et divisé le pays et entendent instaurer et pérenniser la paix, gage du développement. Vivement que cette sagesse qui les a habités au premier tour prévale au second tour.

Boulkindi COULDIATI
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