(Xinhuanet 17/10/2011)
YAOUNDE-- Le gouvernement camerounais envisage de lancer bientôt une nouvelle opération de levée de fonds sur le marché financier à une date non encore déterminée et les premiers bonds du trésor de l'emprunt obligataire de 2010 sont prévus d'être émis mi-novembre, a révélé vendredi à Yaoundé le ministre des Finances, Essimi Menye.
Engagé dans une série de grands projets d'investissement dont la construction d'un port en eau profonde à Kribi dans le Sud pays, d'une centrale hydroélectrique dans la même région à Memve'ele, d'un barrage hydroélectrique également à Lom Pangar à l'Est ou encore le lancement d'une nouvelle compagnie aérienne nationale, Camair-Co, le pouvoir de Yaoundé a réalisé en 2010 un premier emprunt obligataire de 200 milliards de francs CFA (400 millions USD).
"Nous allons mobiliser les fonds à deux niveaux. Au premier niveau, à travers le système de la BEAC (Banque des Etats de l'Afrique centrale, ndlr), c'est-à-dire l'émission des bonds du trésor. Et je pense que les premiers bonds seront émis le 15 novembre et ceci chaque mois", a déclaré à Xinhua le ministre des Finances lors de l'Assemblée générale élective vendredi de la représentation de la masse des obligataires.
Ces titres publics représentent les garanties fournies par l'Etat camerounais pour le paiement "à bonne date", a expliqué Essimi Menye, de la dette contractée.
En deuxième ressort, il reviendra aux banques commerciales à travers lesquelles les souscripteurs ont participé à cette opération de leur verser leur dû, sur la base des prélèvements effectués dans un compte spécial, a appris par ailleurs Xinhua d'un expert économiste du gouvernement.
Pour la sécurisation du remboursement de cette créance, l'Etat camerounais a en effet mis en place en collaboration avec la BEAC un mécanisme de sûreté sous forme d'un compte spécial dans les livres de la direction nationale de cette banque centrale. Selon le ministre des Finances, "chaque mois, l'Etat doit repayer 1/12e du ticket qu'on doit payer à la fin de chaque année, au 31 décembre".
D'un taux d'intérêt annuel de 5,6% net d'impôt sur la période 2010-2015, cet emprunt obligataire a été qualifié de succès par la Banque mondiale. "Je crois que c'était un grand succès de pouvoir mobiliser 200 milliards, donc c'est 1.8 (pourcent) du PIB (produit intérieur brut). Ce n'était pas une petite émission pour une première fois dans un marché d'emprunt CFA en pleine naissance", a récemment observé à Xinhua, Raju Jan Singh, économiste en chef de l'institution mondiale dans le pays.
"Donc, je crois que c'était un signal très fort sur la capacité de mobiliser les investisseurs privés, étant une capacité effectivement que la signature du gouvernement camerounais s'est bien améliorée ces dernières années", a-t-il poursuivi.
Composée de 841 membres représentants des personnes physiques et morales, la représentation de la masse des obligataires mise sur pied a la latitude de "s'adresser à tout moment à la banque centrale pour s'assurer que chaque mois l'Etat reverse les montants prévus pour rembourser le prêt à la fin de chaque année", a dit Essimi Menye.
Il s'agit, a-t-il expliqué, de "rassurer tout le monde, chaque fois que l'Etat aura besoin de trésorerie pour lancer les grands travaux, n'oubliez pas que le chef de l'Etat vous dit qu'à partir du 1er janvier 2012 le Cameroun sera un vaste chantier. Ce vaste chantier a besoin de tout l'argent là où il se trouve. Ceux qui ont l'épargne, ils peuvent prêter à l'Etat du Cameroun et ils devraient être rassurés que le remboursement sera fait selon les engagements pris".
En clair, les autorités camerounaises entendent faire de ces opérations un mode de financement de l'économie nationale et prévoient à cet effet "une nouvelle émission de titres publics dont les caractéristiques seront communiquées bientôt", a par ailleurs annoncé le ministre des Finances.
"Nous sommes en train de travailler sur la liste des projets qui devront bénéficier du prochain emprunt, et ceci certainement dans le cadre du budget 2012", a-t-il fait savoir.
La loi de finances de 2011 en avait aussi prévu un autre, d'un montant de 150 milliards de francs CFA (300 millions USD), mais sa réalisation n'a finalement pas eu lieu.
Parmi les souscripteurs du premier emprunt, l'entreprise camerounaise de négoce international et de distribution Soacam y a participé à hauteur de 500 millions de francs CFA (1 million USD), a révélé à Xinhua son directeur des projets Abbo Zalalou pour qui ces opérations "sont très intéressantes, d'autant plus qu'elles sont de nature à financer les projets structurants dans le pays, et ce qui est de nature à accroître le développement et à créer des revenus et des emplois pour le pays".
Sur le bénéficie du placement financier effectué, "l'emprunt est sujet à un taux d'intérêt et donne un rendement. En dehors de taux d'intérêt et de ce rendement, il y a également notre participation effective à l'économie du pays. Il y a la crédibilité de l'Etat, l'Etat ne va jamais disparaître, compte tenu du climat des affaires encourageant", a laissé entendre cet opérateur économique.
Avec Afriland First Bank et Citibank Cameroon, la Société générale de banques au Cameroun (SGBC, filiale de la banque commerciale française Société générale) forme un consortium désigné comme arrangeur et chef de file de l'emprunt dénommé "ECMR 5,6% net 2010-2015".
Selon son administrateur directeur général Alexandre Maymat, "nous avons accompagné le gouvernement camerounais dans la mise en place de cette opération et c'est nous qui l'avons vendue".
Autrement dit, "c'est nous qui avons distribué, vendu les titres à un certain nombre d'investisseurs institutionnels et particuliers. Mais, notre rôle ne s'arrête pas là. Notre rôle va se poursuivre durant toute la vie de l'opération. Dans ce contexte-là, c'est nous qui avons préparé, avec l'émetteur, cette Assemblée extraordinaire qu'on appelle de la masse des obligataires, c'est-à-dire des investisseurs afin qu'ils puissent désigner leurs représentants".
Par rapport à ce rôle, c'est le consortium qui est teneur de comptes, "c'est-à-dire que c'est nous qui sommes chargés une fois par an de verser aux investisseurs les intérêts que procure chaque titre et le remboursement de la quote-part en capital durant les quatre prochaines années", a ajouté le banquier.
Par Raphaël MVOGO
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