(Les Afriques 04/05/2011)
Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, a reçu en audience au Palais de la République, le ministre malien des affaires étrangères et de la coopération, Soumaila Boubeye Maiga, qui lui a remis un message de son homologue, le président Amadou Toumani Touré (ATT), dans l’après midi du lundi 02 mai.
Le contenu du message, transmis par l’émissaire malien, est lié « à la nécessité » pour Nouakchott et Bamako « de renforcer les mécanismes bilatéraux pour faire à la situation sécuritaire et assurer dans l’immédiat un climat de paix et de stabilité » au profit des populations. Ce qui exige une coordination de l’action commune de la part de tous les pays de la vaste bande sahélo saharienne ou opèrent Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) :l’Algérie, Mali, Mauritanie et Niger.
Après sa rencontre avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz, le chef de la diplomatie malienne s’est réjoui « de l’engagement et de la disponibilité de la Mauritanie à participer à un effort régional, bilatéral et collectif » dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Un phénomène qui constitue une véritable menace au niveau de la sous région, et par rapport auquel la Mauritanie et le Mali partagent la même perception et une vision commune.
La visite du patron de la diplomatie malienne en Mauritanie est notée à un moment ou le Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) livre une guerre contre le régime du colonel Mouammar El Kadhafi en Libye. Un conflit déclenché depuis 2 mois.
Un conflit dans la droite ligne de la révolution conduite par la rue arabe dont les différentes séquences ont été entamées au début de l’année 2011, avec pour le moment 2 épisodes marquants : la chute de 2 pouvoirs en Tunisie et en Egypte. Des dictatures dont le règne cumulé aboutit à un chiffre ahurissant de plus 53 années.
La guerre en Libye qui fait naître une forte inquiétude liée à la crainte d’une prolifération des armes, y compris celles de gros calibres, qui pourraient ainsi tomber entre les mains de groupuscules terroristes écumant les vastes zones du Sahara/Sahel.
De manière probablement fortuite, le voyage du nouveau ministre malien des affaires étrangères à Nouakchott est tombé quelques heures après l’annonce de la mort d’Oussama Ben Laden, chef de la branche mère d’Al Qaida (à laquelle AQMI a prêté allégeance en 2007) par le président américain, Barack Obama.
Quelles seraient les conséquences politiques, opérationnelles et sécuritaires de la disparition de l’icône de la nébuleuse terroriste internationale au niveau dans la vie connexion sous régionale ?
Difficile pour le moment d’apporter une réponse définitive à une telle interrogation.
Toutefois, AQMI disposerait d’une totale autonomie, selon l’avis de nombreux observateurs.
Ce qui naturellement n’incite pas à l’optimisme quant à un hypothétique d’un arrêt des actes terroristes : attentats contre des objectifs militaires et civils, rapts d’otages occidentaux, assassinats, actions kamikazes….enregistrés en Mauritanie, en Algérie, au Mali et au Niger au cours des années écoulées.
Tous ces éléments expliquent la mobilisation actuelle des autorités des pays situés dans la bande sahélo saharienne, qui donne lieu à une intense activité diplomatico-sécuritaire.
Ainsi, le chef de la diplomatie malienne, journaliste de profession, ayant exercé des responsabilités dans l’appareil sécuritaire, arrive à Nouakchott après un déplacement à Alger la semaine dernière.
Dans l’intervalle, une réunion des chefs des armées de quatre (4) : Algérie, Mali, Mauritanie et Niger s’est déroulée à Bamako le 29 avril dernier dans le cadre d’une rencontre extraordinaire d’un commandement conjoint portant sur « la nécessité de lutter contre l’insécurité dans la bande sahélo-saharienne avec une coordination des efforts entre tous les pays ».
Une première rencontre de même type s’est déroulée à Tamanrasset (sud algérien) en septembre 2010.
Nouakchott et Bamako sont arrivées à aplanir leurs divergences au sujet de la lutte contre AQMI, qui avaient à l’origine d’une brouille diplomatique en février 2010.
La méfiance et les reproches d’Alger vis-à-vis de Bamako semblent avoir également subi l’effet du temps donnant lieu à une nouvelle dynamique et un engagement collectif.
Reste à mettre militairement en pratique toutes ces bonnes intentions, alors que la nébuleuse terroriste sous régionale détient 5 otages occidentaux depuis plusieurs mois.
Vaste programme dans une zone ou la misère et les inégalités risquent de continuer à alimenter le feu du terrorisme en dépit de la mort de l’icône saoudienne ou de son sosie.
Amadou Seck, à Nouakchott
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