(La dépèche diplomatique 24/06/2010)
A la suite du réajustement des prix des produits pétroliers intervenu le vendredi 18 juin dernier, des manifestations isolées ont été observées hier dans certains quartiers de Lomé, la capitale togolaise. De nombreux conducteurs de taxis-motos (zémidjans) et de voitures de transports en commun étaient dans les rues pour protester vivement contre cette mesure. Il y aurait eu au moins un mort et des blessés, ainsi que des interpellations dans le rang des manifestants.
« L’Etat veut appliquer la vérité des prix », selon le ministre du Commerce Kokou Gozan
Le vendredi 18 juin dernier, le ministre du Commerce et de la Promotion du Secteur privé, Kokou Gozan avait annoncé, dans une déclaration lue à la télévision nationale, la hausse des prix des produits pétroliers. Selon lui, « malgré l’existence depuis 2002 d’un mécanisme d’ajustement automatique des prix à la pompe, l’Etat a toujours fait en sorte de ne pas répercuter l’évolution réelle des cours mondiaux du pétrole et du dollar sur le prix à la pompe. Cette politique a engendré d’importantes dettes à l’Etat à l’égard des sociétés pétrolières, menaçant parfois dangereusement l’approvisionnement du Togo et la continuité des activités économiques. Il est apparu aujourd’hui que l’Etat n’a plus les moyens de sa politique de subvention et qu’il est devenu nécessaire de changer d’option, de doctrine et de s’orienter vers une politique de vérité des prix
Ainsi, le super sans plomb qui se vendait à 505 Fcfa le litre est passé à 580 F cfa, le gasoil se vend désormais à 575 Fcfa contre 500 Fcfa auparavant, le pétrole lampant passe de 390 Fcfa à 475 Fcfa, le mélange 2 temps revient désormais à 650 Fcfa contre 575 Fcfa. Seul le prix du gaz butane est resté inchangé, la bouteille de 12,5 Kg étant toujours vendu à 3500 Fcfa.
Une décision que les conducteurs de taxis-motos et de voitures de transports en commun refusent d’avaliser. D’où les manifestations d’hier et de ce mercredi dans certaines rues de Lomé et de ses banlieues ( Agoè, GTA, Colombe de la Paix, Amoutivé, Nyékonakpoè, Bè, Hédzranawoé, Adidogomé … notamment). Selon le site libertetg.com, de nombreuses voies sont bloquées par les manifestants paralysant complètement la circulation. Une situation qui a conduit beaucoup de personnes à se rendre à leur lieu de service à pied.
« Nous avons barricadé les routes à cause de l’augmentation des prix de l’essence. Nous demandons purement et simplement la suppression de cette mesure. Ils augmentent chaque fois les prix des produits mais jamais les salaires des travailleurs. Quand ils augmentent on ne dit rien, c’est pourquoi ils nous prennent pour des bêtes. Cette fois-ci, ça ne passera. Ils disent qu’en Côte-d’Ivoire, c’est le même prix qu’au Togo. Mais le salaire des fonctionnaires ivoiriens n’a rien à avoir avec ceux des fonctionnaires du Togo. Nous n’avons pas le même pouvoir d’achat non plus. Pourquoi ne donnent-ils pas l’exemple du Bénin ou du Ghana, nos voisins immédiats ? », s’emporte Kouma, conducteur de taxi-moto résidant à Nyékonakpoé.
Aboudou, chauffeur, s’inscrit dans les mêmes veines et fait remarquer que cette manifestation n’est dirigée contre aucun parti politique. « Nous, nous ne faisons pas la politique, nous ne sommes pas pour quelque parti politique que ce soit, nous voulons seulement qu’ils diminuent le prix de l’essence. C’est tout, se défend-il. Nous voulons tous que les choses soient abordables dans le pays et que le peuple togolais soit un peu heureux ».
Toujours selon ce site, certains riverains traumatisés par les inondations de dimanche dernier, se sont joints aux manifestants pour crier leur ras-le-bol. Comme il fallait s’y attendre, les forces de sécurité sont intervenues et ont fait usage de gaz lacrymogènes. Et comme d’habitude, les manifestants ont riposté par des jets de pierre. Après avoir dispersé les manifestants, elles se sont employées à libérer les voies en enlevant les barricades. Même si à certains endroits comme au niveau de la Colombe de la paix, leur travail était pareil à celui de Sisyphe. En plus, des jeunes ont été interpellés et conduits à la Gendarmerie nationale. Des échauffourées ont aussi eu lieu et des victimes dont le nombre exact n’a pas été déterminé.
Les autorités togolaises pour leur part appellent au calme.
(Infos libertetg.com)
Mercredi 23 Juin 2010
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