(Monde Actu 25/06/2010)
“Pourquoi alors un scrutin ?” demandions-nous dans le regard sur l’actualité au sujet de la présidentielle au Burundi, dans notre livraison du mercredi 9 juin. Une question qui se justifiait, vu que Pierre Nkurunziza, le président sortant, est le seul en lice après le retrait de tous les autres candidats. En jetant l’éponge, ceux-ci ont refusé d’être, disent-ils, “des cautions démocratiques d’un processus électoral qui n’a plus de sens”.
Et une des pommes de discorde, ce sont les résultats des communales du 24 mai, caractérisées, selon l’opposition, par “des fraudes massives orchestrées par le parti au pouvoir”.
Cette situation plongeait déjà le pays dans un imbroglio institutionnalo-constitutionnel à la lumière des accords d’Arusha, partie intégrante de la loi fondamentale, qui exigent un parfait dosage au sein des institutions républicaines entre les Hutu et les Tutsi.
Avec une armée en crise et un front social assez mouvementé, le Burundi s’apprête donc à organiser, le 28 juin prochain, une comédie tenant lieu de présidentielle.
Et cela ne semblait pas émouvoir le professeur d’éducation devenu président, qui tient, contre vents et marée, à garder sa chose.
C’est dans un tel contexte, qui met le pays dans l’incertitude, que le chef de l’ex-rébellion hutu des Forces nationales de libération (FNL), Agathon Rwasa s’est évanoui dans la nature mercredi dernier, partant de Bujumbura pour une destination inconnue. Même les responsables de son parti ne semblent pas pouvoir donner les raisons de ce départ ni même dire où leur leader se cache.
Il aurait voulu provoquer une panique dans son pays avec des risques réels de reprise de la guerre civile que l’ex-maquisard ne s’y serait pas pris autrement. Caché quelque part, il réussira à s’entourer d’un mythe avec une capacité de nuisance certaine.
Sachant que rien ne vaut la paix et que le retour de la guerre civile est une honte pour l’humanité, c’est le moment ou jamais de commencer à se retrouver autour d’une table de négociations. L’opposition, aussi bien que le pouvoir en place, a tout à y gagner en évitant ainsi un deuxième supplice au peuple burundais.
La communauté internationale avec les Nations unies en tête doit s’impliquer sérieusement et avec fermeté dans cette crise pour que le monstre ne se réveille plus.
Nos pays ne sont pas condamnés à des guerres intestines qui annihilent les efforts de développement. La haine, la violence, l’intolérance et l’égoïsme, il nous faut les bannir au nom de l’amour de Dieu et du droit des peuples à une vie paisible.
Abdou Karim Sawadogo, l’Observateur
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