jeudi 24 juin 2010

Sudan - Les choses se compliquent à Beyrouth et Khartoum après l’incident d’Ouzaï

(L'Orient- Le Jour 24/06/2010)
Les Soudanais ont manifesté hier devant l’ambassade du Liban à Khartoum.Mohammad Nureldin Abdallah/Reuters Bavure Les répercussions de la descente plus que musclée des forces de l'ordre au sein d'un groupe de ressortissants soudanais sont désormais considérables.
« Ce genre de choses ne s'est jamais produit auparavant et ceci ne se répétera pas. Nous allons laisser la justice suivre son cours. »
Ces mots sont ceux de l'ambassadeur du Soudan à Beyrouth, Idriss Souleimane, qui a tenu hier une conférence de presse à l'hôtel Bristol, commençant par rappeler qu'une équipe de forces de l'ordre a effectué une descente au sein d'un groupe de Soudanais qui organisaient une fête de charité à Ouzaï, « multipliant insultes et humiliations ».
« Ceci est inacceptable et nous avons protesté. La direction de la Sûreté générale a répondu positivement à notre demande et a mis sur pieds une commission d'enquête chargée de définir les fautes et d'imposer des sanctions », a dit le diplomate soudanais, précisant que tous ses compatriotes en situation légale ont été relâchés.
« C'est un incident isolé parce que les Soudanais sont respectés au Liban et depuis que je suis en poste, j'ai entendu les Libanais, tous les Libanais multiplier les louanges à l'égard du Soudan et des employés soudanais. Voilà pourquoi cet incident est anormal et surprenant ; nous devons faire attention, certains médias au Soudan sont en train de donner à cette affaire une dimension démesurée et d'autres médias, au Liban, essaient de provoquer une guerre médiatique entre les deux peuples », a mis en garde Idriss Souleimane.
Saluant avec ferveur les messages et les prises de position très solidaires de la part de toutes les factions libanaises, ainsi que les condamnations de l'État, notamment celles de Nabih Berry, de Ali Chami ou de l'ambassadeur libanais à Khartoum, il a néanmoins insisté sur la nécessité de punir les coupables. « Il le faut », a-t-il martelé.
L'ambassadeur Souleimane a été auparavant reçu par le directeur général de la Sûreté générale (SG), Wafic Jezzini. Un communiqué de la SG a été publié, explicitant les tenants et aboutissants de la descente à Ouzaï. « Le spectacle musical organisé par les Soudanais ne disposait pas d'un permis légal. Les arrestations étaient supervisées par le parquet du Mont-Liban et une enquête est en cours », écrit le texte. Quant au diplomate soudanais, il a fait état de sa détermination à s'entretenir avec le général Jezzini pour « remettre les choses dans leur cadre, surtout que certains ressortissants soudanais ont voulu, via les médias, faciliter l'acceptation de leur demande d'asile par le Haut Commissariat aux affaires des réfugiés, arguant qu'ils ont été victimes de racisme et de maltraitance ».
À Khartoum
Pendant ce temps, à Khartoum, les choses se compliquaient sérieusement : des intellectuels soudanais ont manifesté devant l'ambassade du Liban, portant des banderoles antilibanaises et appelant au boycottage de tous les produits libanais au Soudan.
C'est ce qu'a expliqué hier l'ambassadeur du Liban à Khartoum, Ahmad Chammat, qui a indiqué avoir reçu les protestataires devant la chancellerie. « Ils portaient un drapeau libanais barré d'une croix rouge et m'ont remis un mémorandum exigeant une enquête dans l'incident d'Ouzaï, ainsi que le paiement d'indemnités et des excuses officielles à adresser au peuple soudanais », a dit l'ambassadeur Chammat.
Condamnant une dernière fois ce qui s'est passé à Ouzaï, ce dernier a en même temps vigoureusement déploré que le drapeau libanais brandi hier devant l'ambassade ait été souillé. « Ceci est une insulte à l'État et au peuple libanais, et je leur ai demandé de s'excuser », a-t-il dit.
Les Soudanais brutalisés : une « faute inacceptable », admet Hariri
Les Soudanais ont manifesté hier usant de termes très durs devant l'ambassade du Liban à Khartoum, et Saad Hariri a dénoncé une « faute inacceptable », en référence à la brutalité des forces de l'ordre lors de la descente à Ouzaï, il y a quelques jours.

24/06/2010
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