mardi 29 juin 2010

Ghana - MONDIAL 2010: le Ghana ou la victoire de la stabilité

(Courrier International 29/06/2010)
Qualifié pour les quarts de finale, les Black stars montrent la voie à suivre pour les équipes africaines. Le Nigeria, le géant de l'Afrique ferait bien de s'inspirer des méthodes d'organisation ghanéennes, estime Next de Lagos.
Certains l’ont appelée la Coupe du monde de l’Afrique, non sans raison. Pour la première fois dans l’histoire d’un tournoi né il y a 80 ans, le pays hôte était africain. Le 11 juin à Johannesburg, la prestation des Bafana Bafana (1-1) face à une jeune et impressionnante équipe mexicaine, lors du match d’ouverture du groupe A, laissait à penser que l’Afrique allait se montrer à la hauteur. Une impression corroborée par les résultats d’autres équipes africaines dans leurs matches d’ouverture pendant les deux jours qui ont suivi. Le Nigeria a ouvert la voie par une courte défaite à 1-0 face à une sélection argentine alignant les stars. La Côte d’Ivoire, menée par Didier Drogba, a contraint au match nul un équipe du Portugal comptant elle aussi plusieurs vedettes. Puis le Ghana a fait encore mieux avec sa victoire à 1-0 contre la Serbie.
Après quoi tout a commencé à aller mal pour notre continent. Une fois passé le premier tour, seuls les Black Stars du Ghana étaient encore en lice. L’une après l’autre, les équipes africaines - à commencer par le Nigeria - ont été évincées. L’élite des équipes africaines n’étant plus dans la compétition, les espoirs de tout un continent reposaient désormais sur les épaules des jeunes joueurs ghanéens. Le 26 juin, en huitièmes de finale face aux Etats-Unis à Rustenburg, leur fougue a fait merveille. Ils ont battu 2-1, pendant le temps additionnel, une équipe américaine déterminée et ambitieuse, s’assurant une place en quart de finales pour ce qui n’est que leur deuxième apparition en Coupe du monde.
La prestation du Ghana lors de ce Mondial est le fruit de la clairvoyance de la Fédération ghanéenne de football et de l’entraîneur serbe, Milovan Rajevac. Quand ce dernier a pris ses fonctions en 2008, il a mis sur pied un programme d’amélioration progressive de l’équipe nationale, destiné à injecter de nouveaux talents dans la sélection. Lors de la Coupe d’Afrique des nations, au mois de janvier, en Angola, il a stupéfait les Ghanéens en faisant participer au tournoi pas moins de huit des joueurs qui avaient gagné la Coupe du monde des moins de vingt ans. Beaucoup ont alors jugé cette décision imprudente. Mais les prestations des joueurs lui ont donné raison.
Il y a au moins deux enseignements à tirer de ce début de Coupe de monde. Premièrement, on n’obtient pas le succès par la voie de la facilité. Il faut trouver le bon dosage entre différents éléments. Rajevac a eu deux ans pour préparer une équipe dont les Ghanéens, et assurément tous les Africains, sont fiers aujourd’hui. Il a eu le temps de faire des erreurs et de les corriger. En revanche, la Fédération nigériane de football et la Côte d’Ivoire se sont obstinées à compromettre les chances de leurs équipes dans ce tournoi. Ces deux pays ont renvoyé leurs entraîneurs à quelques mois de la Coupe du monde, ne laissant guère de temps à leurs successeurs pour comprendre les titulaires ou d’inviter des nouveaux venus dans la sélection.
Le deuxième enseignement est le suivant : le dévouement à la cause nationale peut emmener une équipe vers la victoire, même si elle doit surmonter les pires difficultés. Contre les Etats-Unis, le 26 juin, les joueurs ghanéens étaient prêts à mourir sur le terrain. Pour eux, l’honneur national était en jeu. Les joueurs nigérians, match après match, ont paru bien apathiques et ternes par comparaison. Ils ont joué comme si c’était leur pays qui devait les remercier de condescendre à porter nos couleurs nationales, au lieu de se sentir honorés d’avoir été sélectionnés pour représenter leur patrie. Leur manque d’engagement a causé notre perte dans cette Coupe du monde.

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