(Zenga-Mambu.com 26/06/2010)
Trois jours après le déraillement d'un train bondé qui a fait au moins 76 morts au Congo, le train circulait de nouveau jeudi entre la capitale économique Pointe-Noire (sud) et Brazzaville, alors que les critiques ne tarissaient pas contre les autorités.
"Le trafic a repris depuis hier (mercredi) soir. Le premier train est parti à destination de Brazzaville, il y avait quelques passagers et beaucoup de marchandises", a déclaré à l'AFP à Pointe-Noire Frédéric Filackembo, directeur des voies ferroviaires du Congo.
Le déraillement qui s'est produit à Yanga, à 60 km à l'est de Pointe-Noire le 21 juin a secoué le pays.
Selon la cellule de crise, 76 corps ont été retirés des lieux de l'accident. Parmi plusieurs centaines de personnes blessées, certaines ont pu regagner leurs familles, mais 160 demeuraient hospitalisées à Pointe-Noire.
Selon la compagnie du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO), établissement public qui exploite la ligne, l'accident est dû à une erreur du conducteur mais le train était également surchargé.
Le gouvernement a de son côté évoqué "une vitesse quelque peu excessive" sur cette principale voie d'échanges reliant sur 510 km Brazzaville et Pointe-Noire (sur un réseau global de près de 890 km).
Trois jours après l'accident, les critiques contre les autorités - à la fois celles de CFCO et de l'Etat - continuaient de fuser.
Le Congolais Ange Gabriel Oranga, 51 ans, père d'une passagère ayant eu un bras cassé et des blessures notamment au dos, en a gros sur le coeur contre le CFCO, qu'il accuse d'une mauvaise gestion.
"C'est la énième fois que nous avons ce genre d'accident, et chaque fois, on impute la responsabilité au conducteur", a-t-il déclaré à l'AFP dans un des hôpitaux de Pointe-Noire où sont admis les blessés. "Les rails sont en très mauvais état. Ils ne datent pas d'aujourd'hui. Le CFCO brasse des millions qu'il utilise pour autre chose", a-t-il lancé.
Dans un éditorial publié jeudi, le quotidien pro-gouvernemental congolais Les Dépêches de Brazzaville estime que ce "drame (...) était inévitable", tout en soulignant les responsabilités de l'Etat dans la gestion de la ligne et, partant, de l'accident.
"N'accablons pas les hommes qui ont causé ce drame. Ils ne sont que les instruments d'une tragédie qui, tôt ou tard, devait se produire et qui se reproduira à terme plus ou moins rapproché si l'Etat ne se décide pas très vite à mettre de l'ordre dans une institution qui, depuis longtemps, échappe à son autorité", affirme-t-il, dénonçant également diverses tracasseries pour les voyageurs du CFCO.
Le journal exhorte l'Etat à "combattre le désordre" dans le secteur et à "dégager les moyens techniques et financiers nécessaires pour moderniser" la ligne de chemin de fer, qui date des années 1930.
D'après le CFCO, 14 trains de marchandises et deux trains rapides transportant des voyageurs partent chaque semaine de Pointe-Noire, sur l'océan Atlantique, pour Brazzaville, sur le fleuve Congo.
Son directeur général, Sauveur Joseph El Bez, dit envisager pour "l'orée 2012" que le transport atteindrait 1,65 million de tonnes de marchandises et 1,28 million de voyageurs par an.
Laudes Martial MBON
AFP
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