(Le Nouvel Observateur 02/06/2010)
La France a le statut de "paradis fiscal" pour des dirigeants "qui sévissent contre leurs peuples en Afrique francophone", accuse la coalition anti-corruption "Publiez ce que vous payez".
Des ONG gabonaises, membres de la coalition anti-corruption "Publiez ce que vous payez" (PCQVP) "exigent" une enquête parlementaire sur l'achat par le Gabon d'un immeuble à Paris, apprend-on par communiqué, lundi 31 mai.
Selon deux journaux, cet immeuble parisien a coûté 100 millions d'euros. L'achat de cet immeuble, situé dans le 7e arrondissement, avait été annoncé par la présidence gabonaise dans un communiqué publié le 19 mai, sans précisions de montant.
Biens mal acquis
PCQVP-Gabon, qui regroupe 27 organisations et associations militant pour une gestion transparente des revenus pétroliers, cite des extraits d'un article publié le 26 mai par l'hebdomadaire français Le Canard enchaîné selon lequel l'Etat gabonais a payé "100 millions d'euros" (près de 65,6 milliards de FCFA) cette propriété qui appartenait à la famille Pozzo di Borgo et "nécessite de sérieux travaux de remise en état".
Lundi, le quotidien français Le Parisien a rapporté la même information, en mentionnant un "prix de vente affiché de 100 millions d'euros".
"Face à la gravité des informations publiées par Le Canard enchaîné", PCQVP-Gabon "exige une enquête parlementaire sur ce que nous considérons comme un scandale", déclare-t-elle dans son communiqué signé par son coordinateur national, Marc Ona Essangui.
Une plainte non recevable
"Ces informations graves (...) relancent le débat sur les biens mal acquis dont le régime en place s'est rendu coupable au cours des 42 dernières années", estime-t-elle, évoquant un "inquiétant statut désormais avéré de la France comme paradis fiscal" pour des dirigeants "qui sévissent contre leurs peuples en Afrique francophone".
Les ONG Transparency International-France et Sherpa avaient déposé à Paris en 2008 une plainte visant plusieurs présidents africains dont le Gabonais Omar Bongo, décédé en 2009, et portant sur "les conditions dans lesquelles un très important patrimoine immobilier et mobilier a été acquis en France". L'affaire a été surnommée "les biens mal acquis" par la presse.
Une juge avait donné son feu vert en mai 2009 à l'ouverture d'une information judiciaire mais le Parquet avait saisi la Cour d'appel de Paris qui avait jugé la plainte non recevable en octobre 2009.
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