Alors que le coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations a été donné à Luanda par le président angolais José Eduardo Dos Santos, la confusion est totale en ce qui concerne la participation de l’équipe du Togo, victime d’une attaque meurtrière vendredi. Le départ des Eperviers a été annoncé officiellement par la Confédération africaine de football. “Le bus est parti (du camp de base) pour l’aéroport pour rapatrier l’équipe du Togo et les deux corps“, a déclaré à l’AFP un porte-parole de la CAF, dimanche soir. Le Togo devait disputer son premier match de la CAN face au Ghana, lundi à Cabinda. Mais le ministre des Sport togolais est ensuite venu semer le trouble. “Nous avons décrété une période de deuil de trois jours. Les joueurs partent avec nous et avec les corps de leurs frères tombés et nous avons demandé à la CAF de trouver un arrangement pour qu’on puisse rattraper la compétition“, a dit Christophe Tchao. Une requête étonnante, dans la lignée d’une communication pour le moins approximative de la part des autorités togolaises.
“Le bus qui doit nous amener à l’aéroport est chargé. Les joueurs sont habillés et prêts à partir”, avait ainsi déclaré Hubert Velud, l’entraîneur français des Togolais, dimanche après-midi. “Pour l’instant, on s’oriente vers un départ. Mais je ne peux parler qu’au conditionnel car depuis trois-quatre jours tout change toutes les deux heures“, avait-il ensuite souligné, perspicace. Plut tôt dans la matinée, les joueurs togolais avaient clairement expliqué leur souhait de jouer le tournoi, un choix contesté par le gouvernement togolais. « Hier soir (samedi) très tard, il y a eu une réunion entre les joueurs et le staff technique », avait précisé Hervé Velud, interrogé par L’Equipe.fr. «Il en est sorti que tout le monde voulait jouer pour honorer la mémoire de nos morts, mais les exigences gouvernementales nous demandent de rentrer. On respecte cette décision. On est obligé d’obéir. » Le premier ministre Gilbert Fossoun Houngbo avaient ensuite confirmé qu’un avion officiel avait quitté Lomé dimanche matin pour l’Angola afin de ramener l’équipe nationale de football. Critiquées par la CAF pour avoir laissé les Eperviers entrer au Cabinda par bus et non par la voie des airs comme les autres sélections, les autorités togolaises ont donc fini par organiser ce transport aérien, pour retirer leur équipe.
L’affaire a par ailleurs pris une tournure politique, avec en ligne de mire les élections présidentielles au Togo, en 2010. Kofi Yamgnane, connu pour avoir été le premier maire noir en France, à Saint-Coulitz (Finistère), est déjà monté au créneau. M. Yamgnane a exigé que les “autorités togolaises rendent des comptes sur des décisions lourdes de conséquences”. “En dépit des menaces connues, les plus hautes autorités de l’Etat togolais n’ont pas jugé utile de mettre à disposition de la sélection nationale un avion pour traverser cette zone à hauts risques“, a-t-il estimé. “Pendant que nos joueurs se faisaient tirer dessus comme des lapins, où se trouvaient les jets de la présidence de la République du Togo?“, s’est interrogé celui qui se porte candidat contre le président togolais sortant Faure Gnassingbé.
Une polémique éludée par le premier ministre togolais, qui place le retour immédiat des joueurs comme une priorité. « Nous avons compris la démarche des joueurs qui voulaient exprimer une manière de venger leurs collègues décédés mais ce serait irresponsable de la part des autorités togolaises de les laisser continuer», a réagi M. Houngbo. Une mise en cause indirecte de la CAF et du comité d’organisation angolais. « Nous, on va rentrer et on souhaite bon courage à ceux qui vont rester, surtout au Burkina Faso, à la Côte d’Ivoire et au Ghana (qui jouent à Cabinda ndlr) », a dit Emmanuel Adebayor, le capitaine togolais. « Ce que j’ai dit à leurs dirigeants, c’est qu‘ils pouvaient être attaqués à Cabinda à tout moment », a ajouté le Mancunien, en référence aux menaces des rebelles. “Les armes vont continuer à parler », a menacé dimanche le secrétaire général du Flec-PM, Rodrigues Mingas, dans un entretien téléphonique avec l’AFP depuis le Luxembourg. « Ca va continuer parce que le pays est en guerre, parce que M. Hayatou (Issa Hayatou, le président de la CAF) s’entête » à maintenir des matches de la CAN à Cabinda, a-t-il poursuivi. “Nous condamnons cet acte de terrorisme mais la compétition se poursuivra à Cabinda” a répondu le président angolais en marge de la cérémonie d’ouverture. Les propos de Rodrigues Mingas, qui vit en exil à en France, ont également provoqué une réaction du Ministère français des affaires étrangères. “De tels propos sont inacceptables et ne resteront pas sans suite, nous les condamnons avec la plus grande vigueur“, a affirmé à l’AFP Bernard Valero, porte-parole du Quai d’Orsay. “Rien ne peut justifier l’appel à la violence, ni l’incitation à la violence par voie de presse.”
lemonde.fr
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