Un sommet pas comme les autres. La 10e conférence des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), s’est tenue le week-end dernier dans la capitale centrafricaine. En effet, les retrouvailles de Bangui étaient d’autant plus sujet à rebondissements qu’elles intervenaient seulement quelques mois après l’éclatement des scandales financiers qui ont éclaboussé la Banque des Etats d’Afrique centrale (BEAC).
Portés sur la place publique en octobre dernier, ils faisaient état de malversations importantes au bureau de Paris, dont les tiroirs-caisses n’ont d’ailleurs pas fini de livrer leurs secrets.
Plus que jamais donc, se posait la question de la gouvernance dans une région qui n’est pas réputée être l’une des plus vertueuses au monde. Et du même coup, celle du maintien du consensus de Fort-Lamy, ancien nom de N’Djamena où en 1973, il fut convenu des règles de répartition des postes au sein de l’ensemble sous-régional.
Ainsi, à l’image de notre BCEAO, qui a toujours été gouvernée par un Ivoirien, la BEAC avait toujours été chapotée par un Gabonais.
Un « consensus » mis à mal depuis quelques années par certains pays membres et notamment par la Guinée équatoriale, dernier venu et nouveau riche de la grande famille CEMAC.
Les coups de boutoir d’Obiang Nguema, dont le pays entend désormais jouer un rôle de premier plan, auront fini par avoir raison de la résistance du Gabon, d’autant plus fragilisé que le scandale concernait ses ressortissants. Mais en l’absence du vénéré doyen Omar Bongo Ondimba, son fils et successeur Ali, n’avait pas le poids et l’envergure politique nécessaires pour durablement s’y opposer.
Exit donc Jean- Félix Mamalepot. C’est décidé, le poste de gouverneur sera désormais tournant par ordre alphabétique avec effet immédiat. C’est donc l’Equato-Guinéen Lucas Abaga Nchama qui préside aux destinées de la vénérable institution dont il devra à tout prix redorer le blason.
Cette nouvelle donne préfigure peut-être de ce qui pourrait arriver en Afrique de l’Ouest où le monopole ivoirien sur l’immeuble de l’avenue Abdoulaye Fadiga à Dakar est de plus en plus contesté au sein de la grande famille UEMOA.
La question est revenue sur le tapis à la faveur de la succession de Charles Konan Banny. Et si c’est finalement son compatriote Henri Philippe Dacoury-Tabley, la crise que vit le pays d’Houphouët Boigny n’est certainement pas étrangère à cette situation.
Mais nul doute que tôt ou tard le sujet reviendra à l’ordre du jour. Et cela, même si Abidjan se targue de son rôle de locomotive de l’UEMOA, pour ne pas lâcher prise. En tout cas, un petit vent de révolution souffle depuis Bangui et pourrait bien gagner nos contrées occidentales.
H. Marie Ouédraogo
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