Après la commémoration du souvenir des Héros nationaux

Mardi 19 janvier 2010
Place à la matérialisation de leur pensée
Les congolais viennent de commémorer les 16 et 17 janvier le souvenir de leurs deux héros nationaux , Patrice Emery Lumumba et Laurent-Désiré Kabila respectivement Premier ministre du Congo indépendant et troisième président de la République.

Ils ont été élevés à ce rang pour avoir posé des actes de bravoure qui ont non seulement marqué leurs concitoyens mais aussi leur ont coûté la vie. Aujourd'hui ils ne sont plus de notre monde mais la vie continue et la RDC est toujours là. Nous n'allons pas tout le temps passer notre temps à pleurer sur leur mémoire au risque d'ailleurs de les indisposer dans leurs tombes. Le moment est plutôt arrivé de réfléchir sur le sens de leur combat en vue d'arrêter des stratégies pour la pérennisation de l'idéal pour lequel ils sont morts à savoir,faire de la République démocratique du Congo( RDC) un pays réellement indépendant.
Plusieurs années après leur assassinat, nous devons, sans nous voiler la face, nous poser la question de savoir si nous sommes sur la voie qu'ils ont tracée. P.E.Lumumba a eu le courage, à la suite de l'ABAKO, de réclamer l'accession immédiate de la RDC à la souveraineté nationale et internationale. Ses adversaires politiques l'ont accusé de collision avec le communisme pour avoir dénoncé en des termes moins ambigus les méfaits de la colonisation. Les Belges particulièrement n'ont pas apprécié la virulence de son discours lors de la cérémonie de la proclamation de l'indépendance le 30 juin 1960, au Palais de la Nation, en présence de Sa Majesté le Roi Baudouin. Son sort avait été ainsi scellé et tout a été mis en branle pour sa liquidation physique.
De nos jours, le nom de Lumumba est plus utilisé à des fins de propagande politique qu'à la réalisation de son rêve. Pour preuve, tous ceux qui se réclament lumumbistes n'arrivent pas à se retrouver ensemble pour le même combat. Ils sont éparpillés à travers différents courants politiques et se combattent entre eux. Ironie du sort, même M. Mobutu sur qui pèsent de sérieuses présomptions de culpabilité sur l'assassinat de l'infortuné Premier ministre s'était aussi proclamé lumumbiste. C'est d'ailleurs lui qui l'avait élevé au rang de héros national quelques années après son coup d'état militaire de 1965 à l'issue duquel il avait pris le pouvoir.
Mais qui actuellement peut être considéré comme vrai dépositaire du lumumbisme ? Au regard de la situation que traverse notre pays, nous serions tenté d'affirmer que le lumumbisme est mort en RDC. Nous parions que dans sa tombe il est d'accord avec nous d'autant plus qu'aucun congolais ne peut aujourd'hui accepter de se sacrifier pour l'intérêt de notre communauté nationale. Pour s'en convaincre, il suffit d'analyser nos faits et gestes quotidiens. Le premier réflexe de chacun de nous c'est l'égoïsme. Chacun désire s'amasser autant de richesses pour son propre compte. La preuve la plus irréfutable en date est le comportement des députés et sénateurs qui se sont adjugés la part du lion dans la répartition des recettes additionnelles qu'ils ont dégagées après l'examen du projet de loi budgétaire. Si Joseph Kabila ne s'y était pas opposé, nous allions assister à un véritable scandale. Et dire que ces élus ont été envoyés au parlement pour défendre la cause du peuple qui leur a accordé le mandat qu'ils ont.
A propos de feu Laurent-Désiré Kabila, nous retiendrons qu'il a eu le grand mérite de déboulonner la cruelle dictature qui a frappé notre pays durant plus de 30 ans. Même si ceux qui l'ont aidé à parvenir à cette fin avaient des arrière-pensées, il aura au moins aidé les Congolais à se débarrasser de quelqu'un qui a mis le pays en moule. Au-delà de cet historique haut fait, il a inculqué aux Congolais la culture du travail. C'est la célèbre philosophie de notre propre prise en charge. Avec lui nous aurions déjà mis fin à l'importation des chinchards et autres surgelés qui constituent nos mets quotidiens, alors que des poissons de meilleure qualité meurent de vieillesse dans nos rivières et fleuves. Il a fait de la sécurité alimentaire son cheval de bataille pour mettre fin à la politique de la main tendue qui nous humilie souvent face à nos donateurs. Le Service national avait été créé à cette fin.
Dans le domaine de la gouvernance, L.D. Kabila rêvait d'un pays prospère caractérisé par une gestion saine des finances publiques. Dans sa vision le recours à la planche à billets était exclu de notre gestion. Durant son court règne, le Franc congolais avait gardé une stabilité extraordinaire.
Qu'est devenu aujourd'hui cet héritage nous légué par un des héros nationaux ? Que chacun de nous fasse son propre examen de conscience pour une évaluation objective. Est-il qu'après la commémoration ces deux événements, nous devons absolument changer de cap pour nous remettre sur l'orbite et marcher selon la vision de ces deux personnalités qui ont marqué de leur manière l'histoire de notre pays. Dans le cas contraire leur combat n'aura servi à rien et l'histoire nous jugera sévèrement.

Rombaut Ot.