Ellen Johnson Sirleaf a parlé trop tôt, et visiblement, trop vite. Après avoir déclaré ne pas être intéressée par un second mandat, la présidente du Liberia vient de retourner … son tailleur. Elle sollicitera une seconde fois les suffrages de ses concitoyens. Il est vrai, ce désir de rempiler ne porte aucunement atteinte à la Loi fondamentale du Liberia. Etant à son premier mandat, il est normal qu’elle aspire à un nouveau bail. Moins normal est cependant le fait de remettre en cause ses propos d’hier.
Ce n’est ni plus ni moins qu’un parjure ! Qu’est-ce qui a alors bien pu pousser la présidente du Liberia à se dédire ? A-t-elle fini par prendre goût au pouvoir ? Est-elle l’otage de courtisans ? Le délai qu’elle s’était fixé au départ pour remettre son pays sur les rails, a-t-il fini par lui paraître court, au point qu’elle veuille se donner plus de temps et donner davantage d’elle ?
Cela est possible. De toute manière, elle aurait dans ce cas les encouragements et le soutien de la communauté internationale, en particulier les Etats-Unis aux yeux de laquelle elle passe pour être un élément stabilisateur du Liberia. Toutefois, on a en mémoire qu’une commission calquée sur le modèle sud-africain
"Vérité, justice et réconciliation" avait vu le jour au Liberia pour faire la lumière sur le pénible, tragique et ténébreux passé de ce pays. Celle-ci avait abouti à des conclusions dans lesquelles la diplômée de l’Université de Harvard n’était pas sans reproche. Des griefs qui avaient du reste poussé la commission à suggérer que Sirleaf se contentât d’un seul mandat.
Ce nouveau et surprenant désir de se maintenir au pouvoir, n’est peut-être pas étranger à la volonté de la présidente libérienne de se mettre à l’abri de toute surprise désagréable. Car c’est connu : une fois la cuirasse du pouvoir tombée, on peut devenir vulnérable. Au cas donc où elle aurait vraiment des raisons de se faire du souci pour l’avenir, retarder au maximum le départ du pouvoir se présente a priori comme la meilleure option. Mais seulement a priori.
Car, même si elle traînait des casseroles, Ellen Johnson Sirleaf pourrait se voir absoute de ses "péchés". En fait, tout dépendra de la qualité qu’elle imprimera à ses mandats et du souvenir que ses concitoyens garderont de son passage à la tête de l’Etat.
La commission avait recommandé à la présidente de ne plus se porter candidate pour un second mandat. Une recommandation que Ellen Johson Sirleaf vient manifestement de fouler aux pieds. En somme, une attitude qui frise la défiance, et qui pourrait ne pas être sans graves conséquences sur l’avenir de la commission. Car, à supposer que Ellen Johnson Sirleaf se présente une fois encore aux élections et qu’elle les remporte, quels seront ses rapports avec ladite commission qu’elle aura ainsi désavouée ? Serait-elle habitée par un quelconque sentiment revanchard ?
En tous les cas, si elle était réélue, Ellen Johnson Sirleaf ne devrait pas perdre de vue que c’est parce que les Libériens lui ont réitéré leur confiance. En si bon chemin, elle ne devrait pas décevoir.
Publié le 27-01-2010 Source : lepays.bf Auteur : lepays.bf
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