PORT-AU-PRINCE - Plus de 2.000 "marines" américains devaient arriver lundi en Haïti pour accélérer les opérations de sauvetage, qui se poursuivent six jours après le séisme, malgré les problèmes de sécurité et de logistique à Port-au-Prince.
L'ancien président américain Bill Clinton, émissaire spécial de l'Onu en Haïti, décharge des bouteilles d'eau sur le tarmac de l'aéroport de Port-au-Prince. En ville, six jours après le séisme dévastateur, l'acheminement de l'aide humanitaire reste difficile en raison des débris et cadavres qui jonchent les rues. (Reuters/Hans Deryk)
Dans la capitale haïtienne, le pillage reste prégnant et les rescapés ont toujours le plus grand mal à se procurer eau, vivres et médicaments, même si les structures d'aide se mettent en place.
Le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon, de retour d'Haïti, a demandé au Conseil de sécurité d'approuver l'envoi de 1.500 policiers et 2.000 soldats supplémentaires pour renforcer la Minustah (Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti).
Quelques 2.200 "marines" américains arrivaient dans la journée à Port-au-Prince avec du matériel de déblaiement, de l'aide médicale et des hélicoptères, a annoncé l'état-major américain, qui s'est fixé comme objectif de déployer 10.000 soldats dans les zones affectées.
La communauté internationale a promis d'aider à la reconstruction d'Haïti dévasté par le tremblement de terre du 12 janvier, dont le bilan pourrait atteindre 200.000 morts.
Une trentaine de pays ont envoyé des équipes de secours, des médecins, des hôpitaux de campagne, des vivres ou des médicaments depuis le séisme, il y a presque une semaine.
Après les 100 millions de dollars d'aide américaine, l'Union européenne a annoncé qu'elle consacrerait près de 430 millions d'euros à l'aide d'urgence et à la reconstruction. La France, elle, dit avoir débloqué 20 millions d'euros dans l'immédiat.
FONDS DE RECONSTRUCTION
Le président haïtien René Préval a appelé les donateurs à penser au développement du pays le plus pauvre des Amériques.
"Nous ne pouvons pas seulement panser les plaies du tremblement de terre. Nous devons développer l'économie, l'agriculture, l'éducation, la santé et renforcer les institutions démocratiques", a-t-il dit lors d'une conférence des donateurs en République dominicaine.
Le président dominicain Leonel Fernandez, hôte de cette conférence, a proposé la création d'un fonds sur cinq ans à hauteur de deux milliards de dollars par an, pour la reconstruction et le développement de son voisin.
L'aide tarde à parvenir en raison des problèmes de logistique qui empêchent une grande partie des secours d'accéder aux victimes qui survivent dans des camps de fortune. A cela s'ajoutent des problèmes de sécurité liés aux pillages.
Quelques échoppes ont recommencé à vendre des légumes ou du charbon mais des dizaines de milliers de rescapés continuent de chercher désespérément des vivres.
René Préval a déclaré dimanche que les soldats américains assisteraient la force de maintien de la paix dans des opérations de maintien de l'ordre.
Le sujet est sensible, les Américains étant intervenus par le passé en Haïti. Le président vénézuélien Hugo Chavez a accusé Washington de prendre prétexte du séisme pour occuper le pays.
Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a affirmé que ses troupes n'avaient pas de rôle de maintien de l'ordre mais que, "comme partout où nous (les) déployons, elles ont le pouvoir de se défendre" et de défendre les "Haïtiens innocents et les membres de la communauté internationale".
PILLAGES
L'ancien président américain Bill Clinton, émissaire spécial de l'Onu en Haïti, a donné l'exemple en déchargeant des bouteilles d'eau sur le tarmac de l'aéroport de Port-au-Prince, mais en ville, l'acheminement reste difficile en raison des débris et cadavres qui jonchent les rues.
Devant les installations provisoires de l'Onu, de l'armée américaine et des agences humanitaires, des foules se rassemblent pour mendier des vivres.
La situation s'améliore pourtant dans certains domaines. Ainsi, des équipes médicales internationales ont pu s'installer dimanche dans des hôpitaux et cliniques endommagés où blessés et malades attendaient sans soins depuis des jours.
Les sauveteurs continuent parallèlement de fouiller les décombres et ont encore retrouvé des survivants dimanche.
Les pillards, qui ont fait leur apparition dans la capitale au cours du week-end, continuent à s'emparer, dans les magasins éventrés, de tout ce qu'ils peuvent y trouver.
Des affrontements ont éclaté entre la police et des groupes d'hommes armés de couteaux, de haches ou de pierres. Au moins deux pillards ont été abattus, rapportent des témoins.
"Nous n'avons pas les capacités de régler la situation", dit Dorsainvil Robenson, un policier de Port-au-Prince. "Haïti a besoin d'aide (...), les Américains sont les bienvenus. Mais où sont-ils? Nous avons besoin d'eux dans la rue, avec nous."
Pour préparer la reconstruction, sujet d'une conférence internationale au printemps, une réunion des ministres des Affaires étrangères sera organisée le 25 janvier par le Canada à Montréal, avec la France et les Etats-Unis.
Le Premier ministre Jean-Max Bellerive représentera Haïti, a précisé le chef de la diplomatie, Lawrence Cannon.
Le président sénégalais Abdoulaye Wade a proposé de son côté aux victimes du séisme "la création de leur propre Etat sur la terre d'Afrique, terre de leurs ancêtres".
"L'Afrique devrait offrir aux Haïtiens leur choix de revenir chez eux. C'est un principe de droit. On ne doit pas marchander", dit-il sur le site de la présidence. La proposition du Sénégal sera soumise à l'Union africaine.
Par Reuters, publié le 18/01/2010 à 18:13 - mis à jour le 18/01/2010 à 23:21
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