(Radio Canada 01/02/2013)
À
l'initiative de l'Université Al-Azhar, la plus haute autorité de l'islam
sunnite, la classe politique égyptienne s'est réunie jeudi pour tenter de
trouver des voies de sortie à la crise qui perdure depuis une
semaine.
Les partis de l'opposition regroupés au sein du Front du salut
national (FSN) ont rencontré le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), le
bras politique des Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi,
des groupes révolutionnaires et des représentants des Églises d'Égypte. Ces
groupes se sont engagés à favoriser le dialogue entre l'opposition et le
pouvoir.
Cet engagement survient au lendemain d'une demande du FSN pour
une rencontre urgente avec le pouvoir.
Dans le document signé au terme de
la réunion jeudi, les participants ont « dénoncé la violence sous toutes ses
formes », et promis de s'abstenir de « toute incitation à la violence
».
Ils ont également souligné « la responsabilité de l'État et de son
appareil sécuritaire de protéger les citoyens ».
Mohamed ElBaradei, une
des figures du FSN, a évoqué une entente pour régler les « différends par les
moyens pacifiques ».
« Tous (les participants) ont exprimé leur
disposition à faire des concessions », a expliqué Saad Al-Katatni, chef du PLJ.
« Le règlement des problèmes de la transition démocratique passe inéluctablement
par le dialogue », a-t-il ajouté.
Au-delà de l'engagement, un comité,
représentatif des factions politiques et des jeunes, a été chargé de préparer ce
dialogue « sans condition préalable ».
Juste après l'annonce de cette
rencontre, la présidence de la République a rendu public un document dans lequel
elle salue « un pas important sur la voie d'un retour à la stabilité » dans le
pays.
De son côté, le grand imam d'Al-Azhar a déclaré à l'issue de la
rencontre que le dialogue est « une garantie contre la monopolisation du
pouvoir, qui conduit à la tyrannie ».
Cependant, le FSN a maintenu son
appel à une journée de manifestation vendredi malgré le risque de nouvelles
violences.
L'Égypte vit une vague de violence depuis la commémoration du
second anniversaire, le 24 janvier, du soulèvement qui a conduit à la chute de
l'ancien président Hosni Moubarak. La condamnation à mort de 21 personnes
accusées de meurtre lors d'affrontements au cours d'un match de soccer en 2011 a
exacerbé les violences qui ont fait au total 56 morts dans tout le
pays.
Devant cette situation, le président Morsi a décrété l'état
d'urgence et le couvre-feu à Ismaïliya, Port-Saïd et Suez. Mais cette mesure n'a
pas réussi à endiguer les troubles.
Le Black Bloc entre en
scène
La justice égyptienne a annoncé jeudi l'arrestation d'un membre
présumé du Black Bloc, qu'elle soupçonne d'être impliqué dans un « projet
israélien de sabotage ». Au total 20 membres de ce groupe ont été
arrêtés.
Le Black Bloc, dont les membres portent cagoules et capuches
noires, a fait son apparition lors des dernières manifestations en
Égypte.
Lors des manifestations les membres du groupe se distinguaient en
scandant « le chaos contre l'injustice ».
Dans une vidéo mise en ligne
sur YouTube, le Black Bloc égyptien affiche son opposition au pouvoir du
président islamiste Mohamed Morsi en affirmant vouloir « faire face au régime
des tyrans fascistes ».
Le bureau du procureur général a expliqué que le
suspect avait été arrêté au Caire en possession d'un « projet israélien prenant
pour cible des compagnies pétrolières et des installations vitales » en
Égypte.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien,
Yigal Palmor, a nié toute implication d'Israël dans cette affaire. Il a affirmé
ne pas savoir si le suspect avait l'intention de mener un plan de sabotage, mais
a jugé « absurde » le fait d'impliquer Israël dans cela.
Radio-Canada
avec Agence France-Presse
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