(Afrik.com 04/02/2013)
Les rebelles du séléka ont rejeté le gouvernement d’union
nationale formé dimanche par François Bozizé. Ils estiment que le président
centrafricain n’a pas respecté ses engagements depuis la signature des accords
de Libreville. Eric Massi porte-parole de la rébellion fait le
point.
Afrik.com : Pourquoi avez-vous refusé le gouvernement d’union
nationale proposé par François Bozizé ?
Eric Massi : François Bozizé n’a pas
tenu compte du gouvernement proposé par le Premier ministre Nicolas Tiangaye. Il
a donc nommé les ministres selon ses propres choix. Nous sommes très vigilants
car Bozizé cherche à récupérer la situation à son avantage par la ruse. Depuis
les accords de Libreville, le Séléka est partagé entre ceux qui veulent rentrer
au gouvernement et travailler avec François Bozizé et ceux, comme moi, qui
doutent de la bonne foi de Bozizé pour rétablir la paix dans le pays. Ceux qui
veulent rester au sein du gouvernement pour négocier des postes, cela les
regardent. Mais en ce qui me concerne, je ne suis pas intéressé par le
gouvernement d’union nationale de Bozizé !
Afrik.com : Ne craignez-vous
pas que les divisions au sein du séléka menacent votre mouvement ?
Eric Massi
: Le séléka n’a en réalité jamais été divisé. Il y a des divergences de
positions certes mais nous sommes toujours solidaires. Il y a eu effectivement
des évènements incontrôlables qui ont repris les hostilités dans les villes du
sud-est notamment mais ils ont été très rapidement neutralisés. La situation est
donc sous contrôle mais reste néanmoins difficile car Bozizé a rompu la
confiance que nous lui avions accordé.
Afrik.com : Toutefois, c’est vous
qui avez accepté de vous rendre à Libreville pour négocier avec François Bozizé
? Le regrettez-vous aujourd’hui ?
Eric Massi : Les négociations de Libreville
ont été très rapides et nous a laissé un gout amer. Les problèmes de fond n’ont
pas été traités. Et je fais parti de ceux qui ne peuvent pas serrer la main de
Bozizé ni rentrer en Centrafrique sans que ma sécurité soit menacée. A plus d’un
mois des accords de Libreville, Bozizé n’a respecté aucun des engagements qu’il
a pris, hormis la nomination du Premier ministre. Les prisonniers dont nous
réclamions la libération n’ont toujours pas été libérés. La force sud-africaine,
chargée de le protéger, est toujours présente. Par ailleurs, il a déployé des
éléments de l’armée centrafricaine et sud –africaine dans la ville de Bangassou
alors qu’il n’a pas à se mêler des affaires de défense. La mauvaise foi de
Bozizé est maintenant visible.
Afrik.com : Si François Bozizé s’entête
êtes-vous prêts à reprendre les hostilités ?
Eric Massi : Nous sommes prêts à
reprendre les hostilités si Bozizé s’entête. Nous donnons une dernière chance au
médiateur pour poursuivre les négociations. Nous donnons encore une dernière
chance à la paix. Il ne faut pas oublier qu’il y a un rapport de force qui est
réel sur le terrain. Nous sommes toujours présents. Et comme il ne respecte pas
ses engagements, il n’y a donc pas lieu qu’on lui fasse confiance pour
l’organisation d’élections démocratiques dans le pays. Et ma position est celle
de la majorité du séléka et des Centrafricains.
Afrik.com : François
Bozizé semble avoir retourné la situation à son avantage en usant de la ruse ?
Que répondez-vous à cela ?
Eric Massi : Nous ne sommes pas des naïfs. Nous
sommes des responsables. Nous lui avons donné une chance pour conduire le pays
vers la paix. Mais il s’entête. Je le redis encore une fois nous sommes prêts à
terminer le travail là où nous nous sommes arrêtés. Nous ne nous battons pas
contre le peuple centrafricain. Nous voulons mettre fin à la violence et au
despotisme. Aujourd’hui le dialogue ne suffit plus à mettre fin à la crise. Nous
en appelons toujours aux chefs d’Etats de la Communauté économique des Etats de
l’Afrique centrale (Ceac) qui ont depuis le début de la crise tout mis en œuvre
pour apaiser la situation.
lundi 4 février 2013 / par Assanatou Baldé
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