(Le Pays 06/02/2013)
Il a fallu deux semaines d’attente pour que le gouvernement dit d’union nationale soit formé en République centrafricaine. Le partage du « gâteau d’anniversaire » a été proposé par le Premier ministre Nicolas Tiangaye et Bozizé en a disposé et c’est ce qui fait actuellement des gorges chaudes.
Pour ce gouvernement de la discorde, de fait, en plus de ce que les parties ne sont pas d’accord sur la répartition des portefeuilles, elles crient au scandale face à la méthode utilisée par Bozizé. Non content de choisir pour lui et les siens certains postes-clés, il a flanqué des ministres délégués aux autres postes qu’il a bien voulu passer à la Séléka et à l’opposition, non sans y être contraint. A quoi serviront ces ministres délégués ? De taupes ? Nicolas Tiangaye a dû, en tous les cas, avoir des sueurs froides au passage sur les ondes de la radio nationale du communiqué annonçant la nomination du gouvernement. Pour quelqu’un qui a constitué la liste des membres du gouvernement, il a finalement appris la nouvelle comme le citoyen lambda.
Ce tacle irrégulier de François Bozizé suscite des interrogations sur ses intentions réelles. Veut-il vraiment la paix ? Coup de Jarnac ? Même si les gouvernements issus de crise font rarement consensus, celui-là n’a pas respecté les clauses de Libreville qui devraient pourtant guider sa formation. Le président aurait dû simplement valider la liste à lui soumise par le Premier ministre. A cette allure, il ne sera pas étonnant que le président centrafricain revienne sur sa décision de ne pas se présenter à sa propre succession et partant, toutes les autres promesses qu’il a faites.
De toutes les façons, ce comportement est un dénominateur commun à la plupart des dirigeants africains. Ils ont habitué les populations à ce genre de promesse de Gascon. Des motifs d’inquiétude existent donc quant à la suite du processus de paix en Centrafrique car, ce sont ces accords malmenés par Bozizé qui ont calmé la rébellion. Celle-ci risque de reprendre le maquis et le médiateur Sassou sera à nouveau appelé à la rescousse au grand dam de la sécurité et de la quiétude des Centrafricains. S’ils sont excédés, les rebelles peuvent ne pas prêter une oreille attentive au médiateur et c’est là tout le danger qu’encourt Bozizé. Les rebelles et l’opposition, il est vrai, ont monté les enchères, mais c’est de bonne guerre.
De leur côté, ces rebelles et l’opposition doivent faire en sorte que les postes qui leur ont échappé par la ruse du président ne replongent le pays dans la guerre. A Bozizé aussi de ne pas décevoir ses soutiens et tous ceux qui oeuvrent pour le retour de la paix dans le pays. Il doit faire preuve de sagesse et accepter de céder quelques parcelles de son pouvoir. En tout cas, vivement que les réaménagements dont on parle permettent de trouver une issue définitive favorable à la crise qui se profile à l’horizon. C’est tout le mal que l’on souhaite.
Boureima DEMBELE
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