(PAPIER GENERAL) (Xinhuanet 17/04/2012)
YAOUNDE -- Accusés de malversations financières dans le
cadre de l'achat d'un avion présidentiel, l'ex- Premier ministre camerounais
Ephraim Inoni et l'ex-ministre d'Etat en charge de l'Administration territoriale
Hamidou Yaya Marafa ont été arrêtés et écroués lundi, après une convocation d'un
juge d'instruction des tribunaux de Yaoundé, selon des sources
judiciaires.Placés sous mandat de dépôt à la prison centrale de Yaoundé,
les deux personnalités rejoignent d'autres ex-barons du régime épinglés en marge
de ce dossier désigné sous le nom de l'Albatros, du nom d'un aéronef destiné aux
déplacements du président Paul Biya et acquis dans un état défectueux en 2004 et
dans des conditions douteuses auprès de l'avionneur américain
Boeing.
Cette affaire avait déjà conduit à l'interpellation en 2008 de
l'ex-secrétaire général de la présidence Jean-Marie Atangana Mebara, précédé à
ce poste par Hamidou Yaya Marafa, puis de l'ancien ambassadeur du Cameroun à
Washington aux Etats-Unis Jérôme Mendouga, suivi à son tour en 2010 de
l'ex-directeur général de la défunte compagnie nationale de transport aérien
Cameroon Airlines (Camair) Yves Michel Fotso, issu du secteur privé.
«
D'autres interpellations vont suivre », a soufflé à Xinhua une source judiciaire
citant parmi les présumés mis en cause l'ex- député à l'Assemblée nationale
Jean-Marie Assené Nkou et propriétaire d'une ancienne compagnie privée de
transport aérien, la National Aviation Company (Nac), présenté comme le
principal intermédiaire de la transaction d'acquisition de l'Albatros qui n'a
pas effectué plus d'un voyage.
C'est une transaction qui avait débuté à
l'époque où Marafa était secrétaire général de la présidence de la République et
Inoni Premier ministre. « Elle met en jeu plusieurs milliards de francs CFA,
Assene Nkou est cité comme ayant perçu une commission de 300 millions de francs
(600.000 USD) », fait savoir la source judiciaire contactée par
Xinhua.
Selon cette source, ces mis en cause seront jugés par un tribunal
criminel spécial créé par une loi votée par l'Assemblée nationale lors d'une
session extraordinaire en décembre 2011 et promulguée par la suite par le
président Biya.
Compétent pour statuer exclusivement sur les affaires de
détournement de fonds publics supérieures ou égales à 50 millions de francs CFA
(100.000 USD) dans un délai maximum de 18 mois, ce tribunal est prévu pour être
opérationnel au deuxième semestre 2012, après la livraison du chantier de
construction de ses locaux au quartier administratif de Yaoundé fin
juin.
Autrement dit, « tous les dossiers en instance ou cours de jugement
vont reprendre devant cette juridiction », explique-t-on au ministère de la
Justice. Ainsi de l'affaire Albatros pour laquelle Atangana Mebara et Mendouga
comparaissent déjà avec d'autres prévenus. Jusque-là, ce sont des tribunaux de
grande instance qui statuaient comme chambres criminelles.
Alors qu'une
certaine opinion lui attribuent des relents politiques avec l'objectif d'écarter
des prétendants à la fonction présidentielle, ce dossier est officiellement
présenté comme un pan d'une vaste opération d'assainissement de la gestion des
fonds publics lancée depuis une dizaine d'années par le président camerounais et
communément désignée sous le nom d'Epervier.
Un nombre important d'autres
personnalités gouvernementales en ont déjà fait les frais, parmi lesquelles les
ex-ministres des Finances Polycarpe Abah Abah et de la Santé publique Urbain
Olanguena Awono, en cours de jugement après leur interpellation en
2008.
D'anciens directeurs généraux d'entreprises publiques tels que
Pierre Désiré Engo (Caisse nationale de prévoyance sociale), Alphonse Siyam Siwé
(Port autonome de Douala et par ailleurs ex- ministre des Mines, de l'Eau et de
l'Energie), Gilles Roger Belinga (Société immobilière du Cameroun), Gérard
Emmanuel Ondo Ndong (Fonds spécial d'équipement et d'intervention
intercommunale) ont écopé de peines lourdes allant parfois jusqu'à 25 voire 50
ans d'emprisonnement ferme.
« Une nouvelle liste d'une dizaine d'autres
hauts responsables est encore annoncée. Il y a le directeur général de la Sonara
( Société nationale de raffinage), Charles Metouck, Iya Mohamed ( directeur
général de la Société de développement du coton et président de la Fédération
camerounaise de football, ndlr, Emmanuel Ngollo Ngama (ancien délégué du
gouvernement) », a guidé la source judiciaire interrogée par Xinhua.
Le
nom de l'ancien directeur général de l'Autorité aéronautique Ignatius Sama est
aussi cité parmi les prochaines interpellations annoncées au cours de ce
mois.
Pendant sa campagne électorale et dans son discours de prestation
de serment le 3 novembre suite à sa réélection un mois plus tôt, le président
Paul Biya, âgé de près de 79 ans et au pouvoir depuis 1982, avait prévenu que la
lutte contre la corruption au Cameroun allait « se poursuivre en s'intensifiant
».
Ces derniers temps, le Contrôle supérieur de l'Etat a publié une série
de listes de gestionnaires indélicats dans lesquelles figuraient effectivement
le nom du directeur général de la Sonara.
Publié le 2012-04-17 11:11:32
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