lundi 9 avril 2012

Malawi - Joyce Banda investie présidente du Malawi

(Le Nouvel Observateur 07/04/2012) L'opposante et vice-présidente Joyce Banda a été investie samedi présidente du Malawi pour succéder à Bingu wa Mutharika et a immédiatement appelé à l'unité et à la réconciliation, quelques heures après l'annonce de la mort du dirigeant controversé."Je veux que nous nous tournions tous vers l'avenir avec espoir et un esprit d'unité. J'espère sincèrement qu'il n'y a pas de place pour la revanche. J'espère sincèrement que nous allons rester unis", a déclaré Mme Banda, une figure de l'opposition que les partisans du dirigeant défunt ont voulu empêcher d'accéder au pouvoir.
"Je tiens à remercier sincèrement les Malawites et toutes les personnes vivant au Malawi pour le respect de la loi manifesté par la transition pacifique de la présidence", a-t-elle souligné, sous un tonnerre d'applaudissements.
"Pour l'instant, je demande à la Nation de se concentrer sur le deuil de notre père", Bingu wa Mutharika, a souligné Mme Banda qui a fait équipe pendant six ans avec l'ancien président avant d'être exclue du parti gouvernemental et d'en devenir une opposante acharnée.
Joyce Banda a relevé qu'elle avait auparavant eu "une bonne réunion" avec les membres d'un gouvernement auquel elle avait participé jusqu'en décembre 2010.
"Pour moi, c'était important, parce que c'est le point de départ pour guérir les blessures de cette Nation", a relevé la nouvelle présidente.
Deuxième femme à présider un pays africain après la Libérienne Ellen Johnson Sirleaf, Joyce Banda, 61 ans, sera chef de l'Etat jusqu'aux prochaines élections, prévues en 2014. Elle doit maintenant se trouver une majorité pour tenter de sortir le pays d'une grave crise économique.
Bingu wa Mutharika, 78 ans, s'était effondré jeudi au palais présidentiel, victime d'un infarctus, et avait été transporté inconscient à l'hôpital central de la capitale, Lilongwe.
Des sources médicales et gouvernementales avaient annoncé sa mort dès vendredi matin mais les autorités n'ont officialisé la nouvelle que samedi.
Des sources proches du pouvoir ont indiqué à l'AFP que les dirigeants du parti gouvernemental avaient cherché à écarter Mme Banda, ce qui expliquerait le long silence des autorités, tandis que le cadavre du président a été transporté en Afrique du Sud pour y être embaumé.
Les autorités malawites se sont finalement résignées à transmettre le pouvoir à la vice-présidente, conformément à la Constitution, alors que des chancelleries étrangères commençaient à faire pression sur ce pays pauvre d'Afrique australe.
"La présidence et le gouvernement tiennent à assurer tous les Malawites, et la communauté internationale, que la Constitution du Malawi sera strictement respectée pour la gestion de la transition", a rassuré samedi matin leur secrétaire Bright Msaka.
Il venait d'annoncer officiellement le décès du président Mutharika, après plus de 24 heures d'un silence qui a laissé craindre un coup de force.
Le gouvernement américain avait apporté un puissant soutien à Joyce Banda vendredi soir en s'inquiétant du retard pris dans le transfert du pouvoir, suivi samedi par la Grande-Bretagne, l'Union européenne, l'Afrique du Sud, le Nigeria et le Commonwealth qui ont tous appelé au respect de l'ordre constitutionnel.
L'Union africaine a estimé que "l'Afrique a perdu un de ses grands fils", dans un message de condoléances adressé samedi à Mme Banda. Le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, rend hommage à la présidence de l'UA assumée en 2010 par M. Mutharika, "durant laquelle il a permis l'adoption d'une feuille de route pour que l'Afrique assure sa sécurité alimentaire".

Aucune date n'a encore été fixée pour les funérailles du président Mutharika, qui était de plus en plus contesté ces derniers mois, sur fond de pénuries chroniques, notamment de carburant et de devises étrangères.
De nombreux opposants critiquaient une dérive autoritaire, de même que la plupart des donateurs étrangers qui ont coupé les vivres au pays. La police avait tué 19 personnes quand des manifestations ont dégénéré en émeutes en juillet 2011.

Créé le 07-04-2012 à 09h35 - Mis à jour à 20h56

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