(Le Pays 23/04/2012)
La junte bissau-guinéenne est dos au mur. Après les condamnations qui ont fusé de toutes parts, elle est désormais menacée de sanctions par l’ONU et la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Et cerise sur le gâteau, Manuel Serifo Nhamadjo qui avait été coopté pour diriger la transition, a fini par tourner casaque, estimant que la transition proposée par la junte sortait de toute légalité.
Rappelons que Manuel Serifo Nhamadji était arrivé en troisième position à l’issue du premier tour de la présidentielle bissau-guinéenne, et ce après Carlos Gomez Junior et l’ancien président Kumba Yala. En refusant de participer à un processus de transition jugé « illégal », Serifo Nhamadjo démontre qu’il ne veut pas accéder au pouvoir par le biais d’un coup d’Etat, du reste, condamné par la communauté internationale. En bon démocrate, il ne pouvait pas mieux faire, même si les circonstances du refus de sa participation au processus de transition, laissent penser que les menaces de sanction de l’ONU y sont pour quelque chose.
Reste maintenant à savoir l’impact que cette reculade peut avoir sur l’équipe de transition mise en place par la junte et qui prévoit l’organisation d’élections générales au bout de deux ans. Une décision d’ailleurs trop grave, selon le médiateur mandaté de la CEDEAO, Alpha Condé qui a sitôt fait d’annuler le mini-sommet prévu à Conakry ce lundi 23 avril pour attendre le sommet du jeudi 26 avril à Abidjan. Autant dire que la junte bissau-guinéenne est cernée de toutes parts, même si elle donne l’impression de faire toujours la pluie et le beau temps. Jusqu’à quand tiendra-t-elle dans ce concert de condamnations auxquelles s’ajoutent désormais des fissures au sein de ses propres rangs ?
A dire vrai, il est temps que la communauté internationale arrête de se faire narguer par des putschistes qui n’ont d’autres soucis que de protéger leurs propres intérêts. N’était-ce pas déjà assez que la Guinée Bissau souffrît de l’incurie de ses dirigeants pour en être aujourd’hui réduite à vivre sous la férule de soldats d’opérette qui ne sont rien moins que des narcotrafiquants ? Sans doute que l’épique héros de la résistance africaine, Amilcar Cabral, s’émeut du fond de sa tombe de voir la patrie qu’il a bâtie au prix de sa vie, aller à vau-l’eau.
On se laisse piquer d’une colère noire, lorsqu’on entend un soldat bissau-guinéen se réclamant porte-parole de la junte et visiblement à court d’arguments, s’insurger contre toute intervention étrangère, ajoutant que l’armée bissau-guinéenne est prête à défendre l’intégrité du territoire national. Pourtant, on sait bien que son indiscipline et son goût prononcé pour le gain facile ont fini par faire d’elle une armée de contrebandiers. Et là, elle mérite d’être vouée aux gémonies.
Boundi OUOBA
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