A l’ouverture de la première session ordinaire de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro a dit sa vision de l’Institution dont il a désormais la charge.
Ce 25 avril 2012 est un jour exceptionnel à plus d’un titre, pour la représentation nationale de Côte d’Ivoire.
Tout d’abord, il consacre l’ouverture solennelle de la première session ordinaire de la deuxième législature de la deuxième République.
Cette cérémonie met fin à l’hibernation de notre institution après une si longue crise militaro-politique.
Vous comprendrez donc qu’il s’agit de reconstruire notre Assemblée nationale et de lui redonner son prestige d’antan.
Ce jour est tout aussi exceptionnel parce que de mémoire de parlementaire ivoirien, aussi longtemps que l’on s’en souvienne, c’est la toute première fois qu’un Président de la République, marque par sa présence distinguée, l’ouverture d’une session parlementaire.
Chers collègues,
Il est de coutume qu’à l’ouverture de chaque session, le Président de l’Assemblée Nationale invite le Chef de l’Etat. D’ordinaire, le Président choisit de se faire représenter.
Si donc, le Chef de l’Etat peut se faire représenter, il peut tout aussi bien décider d’être présent, sans écorner le principe de la séparation des pouvoirs, ni remettre en cause l’indépendance du pouvoir législatif.
Je veux dire combien l’Assemblée Nationale dans son ensemble est particulièrement honorée par votre présence du couple présidentiel, que je veux saluer avec force.
Mesdames et Messieurs,
Aussi, vous me permettrez de m’adresser en premier lieu au Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA.
Vous me connaissez. Je n’ai pas l’habitude de la flatterie, ce n’est pas ma nature. Je ne suis pas non plus obséquieux, ce n’est pas mon éducation.
Monsieur le Président de la République,
Vous connaissant, je sais que vous aussi, avez horreur des discours dithyrambiques.
Mais aujourd’hui, en cet instant solennel et en ce lieu privilégié où le Pouvoir Exécutif et le Pouvoir Législatif se trouvent ainsi réunis, j’ai décidé de désobéir.
Pour une fois, souffrez que je salue votre endurance, votre persévérance en politique.
Comment ne pas voir en vous un homme d’exception ?
Comment ne pas apprécier en vous ce grand homme d’Etat, comme il s’en compte hélas bien peu de nos jours.
Votre parcours politique a été si pénible et si douloureux !
Le cheminement de votre vie si périlleux !
Vous dont la dignité a été bafouée et insultée, vous qui avez dû vous battre pour la reconnaissance de votre nationalité ! Vous dont la résidence a été entièrement brûlée, non pas seulement les murs, mais les souvenirs si précieux que vous y conserviez !
Vous qui avez dû, sous vos yeux, voir mourir vos proches (Cousins, Oncles), vos militants. Vous, l’homme politique ivoirien qui avez subi la meurtrissure de la profanation de la tombe de votre propre Mère !
Oui, Monsieur le Président, vous avez souffert. Vos enfants, votre famille également. Mais surtout, votre Epouse, Madame Dominique OUATTARA, que je veux ici saluer avec déférence et respect. Qui aurait tellement voulu être avec nous aujourd’hui.
Mes chers collègues Députés,
C’est cet homme qui, devenu président de la République démocratiquement élu, garant de l’unité nationale, a trouvé la force de pardonner et de demander pardon à la nation, au nom de la réconciliation.
Comment ne pas vous admirer ? Et pourquoi m’interdire de saluer votre humilité ?
Chers collègues,
Notre mérite, le mérite de la représentation nationale, sera de saisir au bond le message de pardon du Président de la République.
En votre nom, élus du peuple, je demande pardon, et je vous invite, dès cet instant, à aller dans les campements, dans les villages, dans les villes et professer le pardon.
Ceux dont les maisons et les biens ont été brûlés, qu’ils pardonnent !
Ceux qui se sont sentis blessés, humiliés, qu’ils pardonnent !
Ceux qui ont vu leurs proches mourir, qu’ils pardonnent aussi !
Ceux qui ont eu les tombes de leurs parents profanées, qu’ils trouvent la force de pardonner.
Oui, Monsieur le Président de la République, la nation entière vous rend hommage, comme elle rend hommage à tous ces hommes, à toutes ces femmes et tous ces jeunes qui ont perdu la vie dans notre quête commune de la démocratie.
Je pense à toutes ces victimes qui ont consenti le sacrifice suprême pour que nous soyons libres aujourd’hui.
Je garde le souvenir vivace de leur courage et de leur bravoure.
A présent, qu’il me soit permis d’exprimer notre profonde gratitude à tous les Présidents des Parlements d’Afrique et d’Europe ainsi qu’aux Représentants des Organisations parlementaires.
Par leur présence nombreuse, ils démontrent, si besoin en était, que le destin de la Côte d’Ivoire parle au cœur de tous les hommes et de toutes les femmes qui, dans le monde entier, sont épris de justice et de liberté.
Je salue également la présence de Monsieur le Premier Ministre et des membres du Gouvernement. Je les assure de la totale disponibilité de l’Assemblée Nationale, pour les accompagner étroitement.
En retour, nous comptons sur leur participation active à nos travaux.
Ainsi, pourrons-nous procéder avec eux à l’examen et à l’adoption de lois qui promeuvent le développement de l’économie nationale et garantissent aux citoyens leurs droits fondamentaux.
Il n’est pas dans mes intentions d’approfondir ici et aujourd’hui les questions pourtant brûlantes de l’insécurité, du chômage et du pouvoir d’achat : je le ferai de façon plus transparente et plus efficace quand les Députés auront pris le temps d’interroger les populations.
D’ores et déjà, le parlement salue la promptitude du gouvernement qui a pris les mesures pour apporter des réponses appropriées à ces questions.
Que la tâche soit difficile, qui s’en étonnera, quand on sait que notre pays a subi les effets d’un désordre économique et d’une gabegie sans précédent?
Et c’est ce à quoi le Gouvernement est confronté. Je demande donc à la population de faire preuve de patience. Le cap est fixé. Et je suis persuadé que nous réussirons.
L’Assemblée Nationale, se tient au côté du Président de la République et de son gouvernement pour faire de la Côte d’Ivoire, un pays émergent à l’horizon 2020.
Mesdames et Messieurs les Présidents d’Institutions,
Les parlementaires souhaitent, dans une synergie d’ensemble, participer avec vous à l’édification d’une société ivoirienne plus juste et plus prospère.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et représentants d’organisations internationales,
Les élus du peuple souverain de Côte d’Ivoire vous remercient pour l’appui et le soutien de vos Institutions et Gouvernements respectifs, qui ne nous ont jamais fait défaut, surtout pendant les périodes les plus tumultueuses.
Je veux enfin remercier, tous nos invités, toutes les éminentes personnalités, civiles et militaires, d’ici et d’ailleurs, qui nous font l’amitié, de venir partager avec nous, la joie du peuple ivoirien d’avoir su triompher de tous les obstacles qui ont jalonné, sa longue marche vers la démocratie et la paix.
A chacune et à chacun d’entre vous, je dis MERCI.
news.abidjan.net
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