(SYNTHESE) (Xinhuanet 07/04/2012)
BISSAU -- La crise née de la contestation, pour fraudes, des résultats du premier tour de la présidentielle en Guinée-Bissau, passe presque inaperçue devant l'inquiétude suscitée par les événements du Mali et le soulagement consécutif à la nouvelle alternance pacifique survenue au Sénégal. Pourtant, la situation en Guinée-Bissau, petit voisin ouest-africain (1,6 millions d'habitants), où la présidentielle anticipée devait permettre de remplacer le président Malam BacaiSanha, décédé début janvier, est préoccupante, selon les analystes.Elle est bloquée, non pas par l'intrusion des forces armées qui perturbent depuis plus trente ans la stabilité du pays, mais par les opposants au PAIGC (parti au pouvoir) et à son candidat à la présidentielle Carlos Gomes Junior. Celui-ci est arrivé en tête du premier tour avec 48,97 % des suffrages et devait affronter au deuxième tour, prévu le 22 avril, Koumba Yala Kobdé Nhanca, arrivé deuxième avec 23,26 %, selon les résultats publiés par la Commission nationale électorale (CNE).
Mais, si la CNE et les observateurs internationaux ont exprimé leur satisfaction quant à la bonne tenue du scrutin, cinq des neuf candidats, les plus représentatifs et les plus crédibles, ont dénoncé des fraudes massives et rejeté les résultats du premier tour. Les contestataires, parmi lesquels Koumba Yala, exigent un nouveau scrutin et Yala refuse catégoriquement de disputer le second tour annoncé tant que le contentieux électoral n'aura pas été vidé par le CNE.
La CNE, qui semble minée par de fortes dissensions internes, a d'abord rejeté les recours de l'opposition qui a saisi la Cour suprême. En attendant la décision de la cour, la CNE a décidé de reporter sine die la campagne électorale pour le second tour qui devait démarrer ce vendredi pour deux semaines. Aucune date n'a été avancée pour le second tour initialement prévu le 22 avril.
La tension qui était montée de plusieurs crans avec l' assassinat du colonel Samba Diallo,ex-chef des services de renseignement de l'armée, proche de Carlos Gomes Junior, est devenue très vive avec le refus de Koumba Yala de disputer le second tour du scrutin et de récuser la médiation que devait mener le président de la Guinée-Conakry, Alpha Condé, au nom de la CEDEAO.
De nombreux Bissau-guinéens sont préoccupés par cette situation de crise qui met en berne des projets importants pour la stabilité du pays : la réforme des forces de défense et de sécurité et la conférence nationale de réconciliation qui était prévue début janvier 2012. Certains d'entre eux qui n'écartent l' hypothèse d'une guerre interethnique, ont déjà commencé à faire partir leurs familles à destination des pays voisins (Gambie, Sénégal ou Guinée-Conakry).
« Le spectre d'un nouveau conflit est en train de planer sur la Guinée-Bissau », a affirmé Djibril Baldé, coordonnateur des partis qui soutiennent le candidat Manuel Sherifo Nhamadjo qui est arrivé 3ème avec 5,75% des suffrages exprimés.
A ce contentieux postélectoral est venue s'ajouter l'affaire de la présence des forces angolaises de la MISSANG (Mission technique angolaise pour la réforme dans le secteur de sécurité et de défense) en Guinée-Bissau. Le contingent angolais de 200 hommes participe à la formation des militaires et assure la sécurité des autorités civiles. Mais, sa présence est contestée et combattue par la hiérarchie militaire locale, au point que son départ a été annoncé cette semaine par le candidat Carlos Gomes Junior, ex-Premier ministre.
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