jeudi 26 avril 2012

Mali - Le Mali se dote d'un nouveau gouvernement, désapprouvé par les pro et anti-putsch

(Le Monde 26/04/2012) Le premier ministre malien de transition, Cheick Modibo Diarra, a formé mercredi 25 avril un nouveau gouvernement, composé en grande partie de techniciens et de militaires. Il aura la difficile mission de tenter de ramener la paix dans le nord du pays, occupé par des groupes armés.Les militaires qui ont pris le pouvoir détiennent les trois ministères chargés de la sécurité, en vertu d'un décret signé par le premier ministre et le président par intérim. Le reste du gouvernement se compose de civils, essentiellement des technocrates et des Maliens qui vivaient à l'étranger lors de la présidence d'Amadou Toumani Touré, que l'armée a chassé du pouvoir.
UN GOUVERNEMENT QUI "N'A RIEN DE CONSENSUEL"
Pour le Front uni pour la défense de la république et de la démocratie (FDR), la coalition des partis politiques et organisations de la société civile du Mali anti-putsch, cette nouvelle formation "n'a rien de consensuel"."Ce gouvernement a été formé en violation flagrante de l'accord-cadre" signé par les militaires auteurs du coup d'Etat du 22 mars et la médiation des pays d'Afrique de l'Ouest, qui prévoit clairement la mise en place d'un "gouvernement d'union nationale composé de personnalités consensuelles", déclare le FDR.
Le front anti-putsch dénonce notamment le fait que "les militaires y occupent des postes clés, au moment où l'accent est mis sur le retour effectif de l'armée dans les casernes". Cette coalition, qui affirme compter quarante partis politiques et cent organisations de la société civile, a toutefois indiqué qu'elle prenait acte de la formation du gouvernement de M. Diarra et qu'elle "n'entravera[it] pas" son action.
RÉSOUDRE LA CRISE DANS LE NORD DU MALI
Les nouveaux ministres seront notamment jugés "au regard des missions fondamentales et brûlantes de l'heure", dont "la défense de l'intégrité du territoire national" et "l'assistance aux populations des régions nord du Mali", sous contrôle depuis fin mars-début avril de divers groupes armés, dont des rebelles touaregs, des islamistes et des bandes criminelles.
Le FDR insiste enfin sur "la défense de la Constitution", le respect des libertés et "l'organisation d'élections régulières et transparentes dans des délais raisonnables", sans suggérer de calendrier.
"INCARNER LE CHANGEMENT"
Le front favorable au coup d'Etat militaire, le Mouvement populaire du 22 mars (MP22), estime lui aussi que "ce n'est aucunement le gouvernement d'union nationale" tel qu'appelé par l'accord-cadre du 6 avril.
Pour le MP22, "ce gouvernement ne peut nullement incarner le changement auquel aspirent fondamentalement les populations maliennes" et n'est pas en mesure de faire face "à l'occupation d'une partie" du territoire.
Il appelle "les forces vives à s'assumer et à se rassembler dans les meilleurs délais au sein d'une Convention pour la transition vers le changement". Le chef des putschistes, le capitaine Amadou Haya Sanogo, a assuré qu'il veillerait "personnellement" à ce que l'accord signé avec la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) "soit respecté dans son intégralité", et a mis en garde "tous ceux qui seront tentés d'entraver son exécution".


Le Monde.fr avec AFP

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