(SYNTHESE) (Xinhuanet 17/04/2012)
COTONOU -- La révision de la Constitution béninoise du 11
décembre 1990 constitue l'une des préoccupations politiques majeures actuelles
dans le pays, où les forces politiques de la mouvance présidentielle, de
l'opposition et même la société civile, mènent depuis quelque semaine des débats
contradictoires sur l'opportunité ou non de la relecture des textes de cette loi
fondamentale.Pour l'exécutif béninois, initiateur du projet de révision,
la Constitution béninoise promulguée le 11 décembre 1990 a permis au pays de
connaître plusieurs alternances et de surmonter des crises politiques
majeures.
"L'autorité de l'Etat, la stabilité institutionnelle et la paix
sociale ont été sauvegardées. Ces acquis ne doivent pas être remis en cause, ni
même fragilisés. Ils peuvent être améliorés pour une république moderne dotée
d'une démocratie participative", indique le gouvernement béninois dans un
document transmis au parlement.
Selon le document, c'est dans cette
perspective que le président, Boni Yayi, a confié par décret à une commission
technique ad hoc composée de diverses personnalités représentatives de
différents courants d'opinions le soin de procéder à la relecture de cette loi
fondamentale en vue de corriger les imperfections observées pendant plus de deux
décennies de pratique.
"Les orientations données par le président Boni
Yayi aux membres de la commission se résument notamment à préserver à tous
points de vues les options fondamentales énoncées à la conférence nationale des
Forces vives de la nation de février 1990, et considérées comme socles de la
constitution", indique le même document.
Selon cette même source, il
s'agit notamment de : l'Etat de droit, la démocratie libérale, la forme
républicaine de l'Etat, le multipartisme intégral, la nature présidentielle du
régime, la limitation du mandat du président de la République et l'âge des
candidats à l'élection du président de la République.
Pour le député
Sacca Lafia, président du parti Union pour la Démocratie et la Solidarité
nationale (UDS, mouvance présidentielle), la révision de la Constitution du 11
décembre 1990 n'est ni anticonstitutionnelle, ni illégale, ni anti-
démocratique, ni opportuniste.
"Ce projet de révision procède de
l'exigence d'amélioration et d'adaptation de cette Constitution après plus de 20
ans de pratique. J'y adhère donc entièrement et mon parti, l'Union pour la
Démocratie et la Solidarité nationale apporte son soutien ferme à la mise en
oeuvre de ce projet politique majeur du deuxième quinquennat du Dr Boni Yayi",
a-t-il confié à Xinhua, déplorant la position des partis politiques de
l'opposition.
"Des acteurs politiques et sociaux, non des moindres,
adoptent, contre toute attente, une position dogmatique de rejet catégorique de
toute révision de la Constitution dans l'immédiat avec en filigrane un procès
d'intention contre le chef de l'Etat ; d'autres, plus futés, prétextant d'une
absence de débat large sur le projet de révision, suspectent voire accusent eux
aussi le président de la République et la mouvance présidentielle d'orchestrer
une révision opportuniste de la constitution du 11 décembre 1990 pour se
maintenir indéfiniment au pouvoir", a-t-il déploré.
Ainsi, les ONG
membres de WANEP-Bénin, le Centre Africa Obota ( CAO), Nouvelle Ethique et l'ONG
Droit de l'Homme Paix et Développement (DHPD), les partis politiques de
l'opposition, notamment du Parti pour le renouveau démocratique (PRD)
multiplient leurs actions et activités contre une révision précipitée et
subjective de cette loi fondamentale, notamment à travers des affiches "Ne
Touche pas à ma constitution".
"Le PRD est opposée à toute révision
opportuniste de la Constitution", a déclaré, M. Adrien Houngbédji, président de
ce parti.
"La Renaissance du Bénin (RB, proche de l'opposition) affirme
également son opposition à toute révision visant à affaiblir l'efficacité de
tous les organes de contre pouvoir, et d'autre part, le caractère intangible des
grandes résolutions issues de la Conférence nationale, notamment la forme
républicaine et la laïcité de l'Etat, la démocratie libérale et pluraliste,
l'Etat de droit et la nature présidentielle du régime", a renchéri le Bureau
politique du Parti.
Malgré ces débats contradictoires dans les milieux
politiques de la mouvance, de l'opposition et des acteurs sociaux, le projet de
loi portant révision de cette loi fondamentale du Bénin se trouve actuellement
sur la table des députés membres de la commission des lois de l'Assemblée
nationale, qui examinent les différentes modifications apportées à la
Constitution avant son adoption en plénière.
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