(Analyse) (Xinhuanet 21/04/2012)
BAMAKO -- Le Comité national pour le redressement de la
démocratie et la restauration de l'Etat (CNRDRE) , la junte militaire qui a
renversé le pouvoir de l'ancien président Amadou Toumani Touré le 22 mars
dernier et ses alliés politiques et ceux de la société civile réunis au sein de
la COPAM, vont-ils vers une rupture?L'interrogation mérite de se poser à
la lumière des propos tenus jeudi par les responsables de la Coordination des
organisations patriotiques du Mali (COPAM) lors d'une conférence de presse. De
l'avis du président de la COPAM, « après le retour à l'ordre constitutionnel
c'est la constitution de 1992 qui doit être appliquée et complétée par
l'accord-cadre, signé entre la CEDEAO (Communauté économique des Etats d'Afrique
de l'Ouest, Ndlr) et le CNRDRE ».
A ce titre, M. Guindo a ajouté «
L'intérim du président Dioncounda Traoré va prendre fin après 40 jours de
gestion, conformément à l'article 36 de la constitution. Il n'aura pas un jour
de plus. S'il refuse de partir nous allons le déloger ».
Sur ce point,
visiblement, tel n'est pas le point de vue du président du CNRDRE, le capitaine
Amadou Sanogo. « Après les 40 jours d'intérim du président de l'Assemblée
nationale, Pr. Dioncounda Traoré à la tête du pays conformément à l'article 36
de la constitution, le CNRDRE et le médiateur de la CEDEAO procéderont à la mise
en application de l'accord-cadre », avait-il déclaré le 9 avril dernier lors
d'une conférence de presse organisée à Kati.
Pour rappel, il est à
souligner que dans l'accord-cadre signé entre la CEDEAO et le CNRDRE, il n'est
nullement question du maintien ou du départ de Dioncounda Traoré à la tête du
pays après les 40 jours d'intérim.
S'agissant du mandat des députés, le
président de la COPAM a rappelé qu'il doit s'achever le 10 août 2012
conformément à la constitution. « Après ce délai, ils ne seront plus des députés
maliens, mais ceux de la CEDEAO ».
Sur ce point également, il y a une
divergence de vue. En effet, dans l'accord-cadre il est clairement écrit dans
l'article 7 que « un certain nombre de textes législatifs d'accompagnement du
processus de transition seront votés par l'Assemblée nationale, notamment une
loi portant prorogation du mandat des députés jusqu' à la fin de la transition
».
Il est à rappeler que le capitaine Sanogo avait également déclaré le 9
avril et de façon insistance que « Le CNRDRE veillera au respect strict de
l'accord-cadre signé avec la CEDEAO. Je prévois la tolérance zéro pour quiconque
qui tentera de remettre en cause cet accord-cadre ».
A la lumière de tous
ces éléments, il y a des Maliens qui se permettent de dire que le CNRDRE et ses
alliés (partis politiques et société civile) ne sont pas sur la même longueur
d'onde. Cependant, d'autres Maliens voient en cette démarche de la COPAM, une
manière de ''tromper'' la vigilance de l'opinion nationale et internationale en
faisant ''en catimini'' le jeu du CNRDRE.
« Ce sont les leaders et
responsables des regroupements politiques, notamment Dr Oumar Mariko du parti
SADI, Pr. Younouss Hamèye Dicko du RDS et Hammadoun Amion Guindo, qui forment
cette coordination », ont déclaré des acteurs politiques et de la société civile
malienne non-favorables aux putschistes.
Ces mêmes acteurs ont ajouté «
ce sont ces mêmes personnes qui ont soutenu et qui continuent de soutenir la
junte militaire à travers le Mouvement populaire du 22 mars (MP22), l'Alliance
pour la démocratie et la république (ADR), entre autres ».
Parmi les
commentaires de ces anti-putschistes, on retient ceci : « il est temps que ces
gens arrêtent d'amuser la galerie ou qu' ils soient francs avec le peuple en
disant qu'ils font la politique des militaires putschistes ».
Par
ailleurs, en dehors des discours et déclarations politiques des anti et pro
putschistes, il y a une catégorie de Maliens qui n' ont qu'une seule ''
préoccupation'', celle de la crise au nord du Mali. « A ce que je sache, le coup
d'Etat militaire du 22 mars perpétré contre ATT (Amadou Toumani Touré, Ndlr) a
été fait à cause de la rébellion touareg menée par les bandits armés du MNLA
(Mouvement national de libération de l'Azawad) et les islamistes. Depuis
quelques semaines, le Mali est coupé en deux et les militaires n'ont rien fait à
présent, sinon comment comprendre que notre pays est toujours divisé en deux
parties », a déclaré M. Ousmane Dembélé, enseignant du secondaire précisant
qu'il n'avait aucun ''intérêt particulier'' avec le régime d'ATT et que d'autre
part son seul ''camp est le Mali''.
De l'avis d'un observateur averti de
la scène politique malienne, « l'action militaire ou le dialogue avec le MNLA et
ses alliés dépend de l'existence d'un interlocuteur valable et cela est lié à la
mise en place d'un gouvernement ».
A ce niveau, les choses semblent
difficiles. En effet, de sources proches du Front uni pour la sauvegarde de la
démocratie et la république (FRD, anti-putsch), ses « responsables ne sont pas
prêts à adhérer au gouvernement du Premier ministre Cheick Modibo Diarra tant
que leurs camarades et les personnalités militaires détenus par la junte
militaire ne sont pas libérés ».
Si les acteurs de ce Front maintenaient
leur décision, le gouvernement de Cheick Modibo Diarra sera-t-il un gouvernement
d' union nationale comme le prévoit l'accord-cadre signé entre la CEDEAO et la
junte militaire ?
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