(L'Express 03/10/2011)
Les combats se poursuivent ce lundi dans la région de Syrte. Les civils tentent de fuir une situation humanitaire "désespérée", alors qu'une vaste offensive semble envisagée contre les derniers fidèles pro-Kadhafi.
Des frappes de l'Otan ont été signalées dans le secteur de Syrte, ce dimanche, notamment près de l'aéroport, dans la banlieue ouest de ce bastion côtier des fidèles de Mouammar Kadhafi. Les forces pro-CNT, positionnés au nord-est de la ville, ont également pilonné à l'arme lourde, notamment à l'aide de chars, le centre de Syrte où se retranchent les combattants pro-Kadhafi.
Ces derniers résistent avec acharnement, selon le récit d'une journaliste du Monde. Un combattant pro-CNT se dit perplexe devant "ces batailles de rue où nous sommes face à l'ennemi avec une forte puissance de feu sans parvenir à les affaiblir, tandis que les nôtres tombent sous leurs balles." Mais les forces pro-CNT auraient cependant bénéficié du ralliement de plusieurs tribus de Syrte, qui leur a permis "une nouvelle avancée rebelle, par l'est, le sud et l'ouest de Syrte, où les brigades de Misrata ont investi le vieux port", ajoute l'envoyée spéciale.
Le village natal de Kadhafi visé
Les forces pro-CNT et les derniers kadhafistes s'affrontent aussi dans le village de Qasr Abou Hadi, lieu de naissance de Mouammar Kadhafi. Cette localité de quelques milliers d'habitants est située à l'est de l'aéroport de Syrte, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de la ville.
Démenti du porte-parole de Kadhafi
Le porte-parole du régime libyen déchu, Moussa Ibrahim, a démenti samedi sa capture par les anti-Kadhafi, affirmant s'être notamment rendu sur le front de Syrte. Il a par ailleurs fait état de "bombardements violents" à Syrte qui ont détruit des quartiers entiers et des maisons et "forcé des centaines d'habitants à quitter la ville". "Environ 75% de Qasr Abou Hadi est sous notre contrôle. Nous avons eu trois jours de combats intenses. Ils nous attaquent avec des roquettes Grad, des mitrailleuses et des tireurs embusqués", a déclaré Moufbah Raslan, un commandant des forces du Conseil national de transition. "L'un de nos principaux problèmes est que beaucoup de civils ont des armes. Nous essayons de les récupérer. Quelques habitants nous les remettent mais beaucoup les ont gardées", a-t-il ajouté.
"Cela fait une semaine qu'on ne peut pas dormir la nuit. Il y a eu beaucoup de combats. Nous n'avons plus d'eau, plus de médicaments, plus d'électricité", a raconté un habitant, Saadi Mohammed, éleveur de moutons. Selui lui, "beaucoup d'habitants ont déjà fui".
Exode en cours
Et l'exode de la zone de Syrte s'accentue. Ce dimanche, des centaines d'habitants entassés dans des voitures chargées de valises et de sacs quittaient encore la ville en direction de Misrata. "De longues files de voitures bloquent la route forçant les gros pick-up chargés de combattants rebelles à ralentir leur vitesse folle", raconte un journaliste du Figaro.
Les civils fuient alors que des bruits circulent sur une vaste offensive menée sur la ville pour ce lundi. Le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, avait en effet donné vendredi 48 heures aux civils pour quitter Syrte, sans plus de précisions. Ils fuient aussi une situation humanitaire que la Croix-Rouge qualifie de "désespérée"
Situation humanitaire "désespérée"
L'organisme international a d'ailleurs reçu l'autorisation d'entrer dans Syrte pour ravitailler les civils pris au piège. Deux gros camions sont partis en direction de la ville, chargés de matériel médical, de couches et de nourriture. Le CICR, qui a fourni 300 kits de soins pour blessés de guerre et 150 linceuls en plastique, a affirmé que les assiégés mouraient par manque de soins de base dû au "manque d'oxygène et de carburant pour le générateur" et que l'hôpital Ibn Sina était privé d'eau car son réservoir avait été touché.
Selon Hassan Duhan, commandant du conseil militaire à Misrata, les combattants pro-Kadhafi à Syrte ont dit "à la radio qu'ils n'avaient plus d'électricité et qu'ils étaient à court de nourriture et de munitions". "Les hommes de Kadhafi ne mangent que du pain. Ils manquent de nourriture et de munitions", a confirmé le major Mohammed Usba Hanish, un officier pro-Kadhafi qui s'est rendu aux combattants pro-CNT. Combats et siège devraient donc mener à une chute de Syrte, reste seulement à savoir à quel moment le bastion pro-Kadhafi tombera.
Par LEXPRESS.fr, publié le 03/10/2011 à 12:30, mis à jour à 12:50
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