(Afrique en ligne 03/10/2011)
La 17ème chambre du tribunal de grande instance de Paris a débouté vendredi le président de la Guinée Equatoriale, Teodoro Obiang Nguema, de sa plainte en diffamation contre le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFDT-Terre solidaire), a appris la PANA jeudi dans la capitale française.
La plainte du président équato-guinéen, intentée en juin dernier, se base sur plusieurs passages d’un rapport intitulé "Biens mal acquis", publié en juin 2009 par l’association CCFD qui passe en revue les avoirs estimés à plus de 100 milliards de dollars, détournés par plus de 30 dirigeants des pays en développement.
Selon ce document, Teodoro Obiang Nguema, à la tête de la Guinée Equatoriale depuis 1979 où il a instauré un véritable régime autoritaire, aurait amassé avec son clan une fortune estimée entre 500 et 700 millions dollars.
Le rapport affirme en outre que cet enrichissement proviendrait du détournement de la rente pétrolière et que 80 pc du revenu national seraient monopolisés par l’oligarchie au pouvoir à Malabo.
Par ailleurs, l’association accuse dans son document le chef de l’Etat équato-guinéen et dix membres de sa famille d’avoir blanchi, entre 2000 et 2003, environ 26,5 millions de dollars en achats immobiliers.
Le président équato-guinéen aurait également acquis un hôtel particulier, avenue Foch à Paris.
Sur les 29 pays cités dans le document publié par CCFD-Terre solidaire, seul le président Téodoro Obiang Nguema a décidé de poursuivre l’association pour diffamation.
Dans un communiqué reçu par la PANA, le CCFD-Terre Solidaire a accueilli très positivement cette décision de la justice française "qui renforce la liberté d’expression des associations engagées dans la lutte contre la corruption et crée un précédent en réponse aux tentatives d’intimidation de la part d’un chef d'Etat".
Lors de son audience du vendredi, le tribunal a débouté le plaignant de son accusation en diffamation et l’a condamné à verser la somme de 2 500 euros à chacun des quatre prévenus que sont Catherine Gaudard, directrice du plaidoyer, Jean Merckaert et Antoine Dulin, auteurs du rapport "Bien mal acquis, à qui profite le crime ?" et Guy Aurenche, président du CCFD-Terre Solidaire.
L’association a exprimé "une vraie satisfaction" et a indiqué qu’elle continuera à combattre les mécanismes internationaux qui appauvrissent les pays du Sud et à dénoncer les violations des droits humains car les transferts occultes dont il est à nouveau question dans l’actualité, ont un impact direct sur les conditions de vie des populations des pays du Sud.
Par ailleurs, la cellule anti-blanchiment française, dans une action menée dans le cadre de l’enquête sur les "Biens mal acquis" des chefs d’Etat africains, a saisi mercredi, avenue Foch, à Paris, onze voitures appartenant au fils du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo.
Pour la cellule anti-blanchiment française, ces voitures pourraient être des placements "susceptibles de traduire le blanchiment du produit d'un détournement de fonds publics".
Les voitures saisies, à la fois extrêmement rares et très chères dont la valeur globale serait de plusieurs millions d'euros, sont de la marque Aston Martin V8 600LM, Rolls-Royce Drophead Coupé, Bugatti Veyron, Ferrari 599 GTO, Maserati MC-12.
Pana 01/10/2011
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