jeudi 4 août 2011

Le Cameroun dans l'attente de l'élection présidentielle

Par Sarah Sakho
Au Cameroun, aucune date n’est fixée pour le scrutin présidentiel et les principaux challengers sont murés dans leur silence. Des désaccords persistents entre le pouvoir et l'opposition sur l’organisation du scrutin. Le pays vit une période pré-électorale des plus singulières.
31 août 2011 : c’est la date jusqu’à laquelle les Camerounais sont invités à s’inscrire sur les listes électorales. L’information communiquée sur quelques panneaux géants à travers la ville de Yaoundé constitue l’un des rares indices de l’imminence d’un scrutin majeur, les élections présidentielles.
La Constitution précise en effet que « l’élection a lieu vingt jours au moins et cinquante jours au plus avant l’expiration des pouvoirs du président de la République en exercice ». Aucune date n’est encore officiellement fixée, mais si l’on s’en tient à la dernière prestation de serment de Paul Biya, le 3 novembre 2004, alors qu’il entamait son cinquième mandat à la tête du Cameroun, la présidentielle devrait se tenir aux alentours d’octobre prochain. Pourtant, dans la capitale comme ailleurs, on est bien loin de l’effervescence pré-électorale.
Pour commencer, le président sortant, au pouvoir depuis 29 ans, n’a pas encore fait connaître sa volonté de participer au scrutin. La grand-messe du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (le RDPC, au pouvoir) censée désigner son candidat pour la présidentielle n’a pas non plus donné la date exacte de sa tenue. Seule indication : un communiqué de presse du Parti des Flammes précisant la convocation d’un Congrès ordinaire « avant l’élection présidentielle ». Ce rendez-vous qui se tient en principe tous les cinq ans n’a pas eu lieu depuis 1996.
Dans les rues, la candidature du président sortant ne fait pourtant aucun doute. En 2008, une réforme constitutionnelle a levé la limite du nombre de mandats dans un contexte de révolte sociale réprimée par les forces de l’ordre. La répression avait alors fait, en février de la même année, 40 morts selon le bilan officiel, 139 selon des ONG.
Quant au Social democratic front (SDF), principale formation d’opposition en termes de députés à l’Assemblée même si sa popularité s’est émoussée ces dernières années, il a fait savoir début mai qu’il « empêcherait la tenue du scrutin » dans les conditions actuelles sans pour autant le « boycotter ».
Le Conseil électoral contesté par l'opposition
Pour le reste, la formation de John Fru Ndi dénonce avec l’ensemble de l’opposition la composition d’Elecam, l’organe en charge de l’organisation et de la supervision du scrutin, qu’elle juge trop proche du parti au pouvoir, et continue de réclamer la refonte du fichier électoral.
En avril dernier, l’Assemblée largement dominée par le RDPC a voté l’élargissement du Conseil électoral d’Elecam à six nouveaux membres issus de la société civile et du clergé, mais l’organe s’est vu dans le même temps retirer le droit de publier les résultats provisoires des élections au profit du seul Conseil constitutionnel, ce que l’opposition considère comme un « verrouillage » du futur scrutin.
La diaspora autorisée à voter
Même la nouvelle loi, qui ouvre le droit de vote aux Camerounais de la diaspora, ne fait pas l’unanimité parmi la classe politique. Cette disposition concernerait quelque 2,5 millions de personnes comme l’a annoncé la radio nationale et constitue pour certains une avancée démocratique réclamée de longue date par les Camerounais de l’étranger. De nombreuses voix s’élèvent, toutefois, pour pointer du doigt le problème de la binationalité que ne règle pas la loi, le Cameroun ne reconnaissant pas la double nationalité.
Dans cet attentisme ambiant, la presse locale se passionne pour tout ce qu’elle interprète comme des signes de prises de position d’un partenaire extérieur de la Maison Blanche à l’Elysée en passant par Pékin. Ultime polémique en Une : la possibilité d’un report des élections. Selon ces journaux, le prochain retour du chef de l’Etat, actuellement en déplacement, devrait permettre d’y voir un peu plus clair dans cette insolite période pré-électorale.

2 commentaires:

  1. Il n’existe aucun désaccord dans l’organisation des élections au Cameroun. Elecam a été revu, les partis réclament la transparence lors du scrutin électoral et c’est ce que le gouvernement propose.

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  2. La transparence que prône le gouvernement dans les élections n’est que la volonté politique définit par le Président Biya et la revue d’Elecam n’est que la vitrine de cette aspiration politique ouverte à tous.

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