(Le Potentiel 23/08/2011)
Un chauffeur de la Monusco a été intercepté dimanche alors qu’il tentait de traverser la frontière rwando-congolaise avec à bord de son véhicule près de 1.500 kg de cassitérite. Cette affaire est de nature à discréditer la mission onusienne et donner raison à tous ceux qui ont toujours réclamé son départ de la RDC.
La Mission des Nation Unies pour la stabilisation du Congo(Monusco) vient de se distinguer par un nouveau scandale qui risque de la disqualifier davantage et pousser les autorités congolaises et la population à demander purement et simplement son redéploiement imminent du territoire national.
Quid ? Un chauffeur de la Monusco du nom de Julien Mukala a été pris en flagrant délit de tentative d’exportation frauduleuse des minerais de la RDC vers le Rwanda. La rafle est intervenue dans la nuit de dimanche à lundi à la frontière entre la ville de Goma et celle de Gisenyi.
Il s’agit, selon le ministre provincial des Minesdu Nord Kivu, Naasson Kubuya Ndoole, d’une cinquantaine de sacs contenant près de 1200 kg de cassitérite. Aussitôt, le gouvernement provincial a diligenté une enquête afin de déterminer l’origine de la cargaison, son vrai propriétaire et éventuellement les membres du réseau maffieux. Car, il n’est pas évident que ce soit la première fois que ce chauffeur procède à cette opération qui sent le gros sous.
Interrogé par la presse, le porte-parole de la Monusco a reconnu lundi le forfait commis la veille par ce chauffeur véreux. "Nous confirmons l'arrestation de l'un des nos chauffeurs hier (dimanche) à la frontière à Goma au moment où il traversait pour aller à Gisenyi (Rwanda)" a déclaré Manodje Mounoubai tout en se disant disposé à coopérer avec les autorités provinciales dans l’enquête qu’elles ont diligentée.
D’ores et déjà, il a fait une déclaration digne d’une offensive de charme, à savoir « la Monusco n'a pas à encourager de telles pratiques. Il existe au niveau des Nations unies une commission chargée de la lutte contre l'exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC et la Monusco travaille avec cette commission". Bien plus , le porte-parole a annoncé l’ouverture d’une enquête parallèle sur le même dossier.
Cette déclaration de bonne intention peut-elle suffire pour effacer l’opprobre ? Difficile à dire. Tant un regard rétrospectif montre que ce fait répréhensible à l’encontre de la Monusco n’est pas isolé. D’autres membres de ma mission onusienne, à l’époque Monuc, ont été impliqués dans divers scandales sexuels allant jusqu’au trafic des minerais en passant par le bradage de la monnaie nationale et la coopération avec des groupes armés rebelles internes ou étrangers pourtant donnés pour honnis. Du fait qu’ils s’étaient distingués dans l’exploitation illégale des minerais dont les revenus finançaient les conflits récurrents dans le Nord Kivu, le Sud Kivu et le Maniema.
Ce énième scandale donne raison au rapport de la commission sénatoriale qui indiquait qu’en 2009 80% des exportations de minerais échappaient au contrôle de l’Etat dans les trois provinces, riches en cassitérite, en coltan et en or.
Par ailleurs, certains observateurs sont tentés de croire que la répétition de scandales dans le chef du personnel militaire et civil de la mission onusienne devrait constituer un argument de taille pour son redéploiement quand on sait que les populations civiles continuent à souffrir d’exactions de la part des groupes armés et des forces loyalistes sous le regard expectatif des casques bleus de l’Onu.
Encadré :
Communiqué de Presse
Ouverture d'une enquête après l'arrestation d'un agent de la MONUSCO accusé de contrebande de cassitérite
Les autorités congolaises ont fait échouer hier soir une tentative de faire passer frauduleusement environ une tonne de cassitérite de la RDC vers le Rwanda. Cet acte aurait été perpétré par un membre du personnel national de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO). Ce dernier a été arrêté à bord d’un véhicule de l’ONU au poste frontalier entre les villes de Goma, en RDC, et Gisenyi, au Rwanda. La MONUSCO a assuré les autorités nationales de sa pleine coopération. Elle apporte tout son soutien dans l’investigation en cours et a aussi de son côté, lancé sa propre enquête sur ce qui pourrait être une violation grave de son code d’éthique, de ses règles et règlements. Le Représentant spécial du Secrétaire général et chef de la MONUSCO, Roger Meece, a souligné que l’exploitation illégale et la contrebande des ressources naturelles de la RDC sont des crimes graves que la MONUSCO est chargée de prévenir. Elle reste aussi engagée à soutenir tout effort dans ce sens. Roger Meece a ajouté que toute allégation portée contre un membre de son personnel sur son implication éventuelle dans de telles activités illégales fera l’objet d’une enquête exhaustive et que des mesures appropriées seront prises en pleine coopération avec les autorités congolaises.
Par Le Potentiel
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