(Ouest-France 24/08/2011)
Les rebelles ont pris d'assaut la caserne de Bab al-Aziziah, centre nerveuxdu régime déchu. Mais le dictateur et ses fils se sont évaporés.
Feu sur le quartier général
Le drapeau noir rouge et vert de la révolution flottait, hier soir, sur Bab al-Aziziah. Il n'aura fallu que quelques heures à l'artillerie rebelle, appuyée par l'aviation de l'Otan, pour ouvrir une brèche dans les murailles hautes de 4 m qui protégeaient la caserne-résidence de Mouammar Kadhafi. En fin d'après-midi, plusieurs centaines d'insurgés pénétraient dans ce complexe de 6 ha. Des caméras s'engouffraient derrière eux.
La chaîne Al-Jazira montrait en direct le sol jonché de cadavres, des conquérants juchés sur des statues, déchirant les portraits du dictateur, et exhibant les armes saisies dans l'enceinte. « Bab al-Aziziah est entièrement sous notre contrôle... Kadhafi et ses fils n'étaient pas sur place », déclarait, un brin désappointé le colonel Ahmed Omar Bani, porte-parole militaire de la rébellion à Benghazi.
Kadhafi disparu
L'évaporation de Kadhafi n'est qu'une demi-surprise, tant l'homme qui a régné sur la Libye pendant 42 ans est coutumier des coups de théâtre. Dans la nuit de dimanche à lundi, son fils Seif el-Islam, dont les rebelles avaient annoncé la capture, faisait une apparition à l'hôtel Rixos, QG de la presse internationale, pour « démentir les mensonges ». Il claironnait que la « colonne vertébrale des insurgés était brisée ». Les rebelles devaient aussi reconnaître que Mohamed, le fils aîné du dictateur, leur avait échappé.
Hier après-midi encore, Kadhafi téléphonait au président de la Fédération internationale d'échecs, le fantasque Kirsan Ilioumjinov, qu'il était « vivant, toujours à Tripoli et n'avait pas l'intention de fuir ». Se trouvait-il alors dans sa caserne ? Celle-ci serait truffée de tunnels conduisant hors de la ville. A-t-il bénéficié de complicités ? L'ex n° 2 du régime, Abdelsalam Jaloud, estime que Kadhafi se trouve toujours à Tripoli, se cachant « chez des habitants, dans des hôtels ou des mosquées ». Le Pentagone américain exclut qu'il ait pu fuir la Libye.
Une conquête bien préparée
Hier soir, seules les villes de Syrte (sur la côte) et de Sebha (sud), deux fiefs de la tribu des Kadhafi, échappaient encore aux rebelles, qui ont repris l'important terminal pétrolier de Ras Lanouf.
Des détails commençaient à émerger sur l'opération « Sirène », qui a fait tomber la capitale en moins de quatre jours. Depuis des semaines, les insurgés étaient livrés en armes, en carburant et en images satellites par la France et la Grande-Bretagne. Des centaines d'insurgés avaient été transportés au Qatar et entraînés par les forces spéciales de l'Émirat. Des armes et des centaines de combattants ¯ 2 000 avec les renforts arrivés hier ¯ avaient été infiltrés dans Tripoli. Et pour les galvaniser, les Américains leur faisaient parvenir les écoutes de communications, où les commandants loyalistes se plaignaient du manque d'eau, de nourriture et de munitions.
mercredi 24 août 2011
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