(Romandie.com 22/08/2011)
Tripoli (awp/afp) - La Libye, principale réserve de pétrole d'Afrique et quatrième producteur du continent, exportait avant la révolte contre le régime de Mouammar Kadhafi 80% de son or noir vers l'Europe, en particulier en Italie et en France.
Actuellement quasiment à l'arrêt en raison du conflit, les exportations d'hydrocarbures, cruciales pour le pays, devraient reprendre progressivement en cas de changement stable de régime, pour revenir à 50% de leur niveau d'avant-guerre en 2012 et à 100% en 2013, selon un scénario d'analystes.
A l'arrivée au pouvoir du colonel Kadhafi en 1969, les compagnies pétrolières, majoritairement américaines, extrayaient du sol libyen plus de 2 millions de barils par jour (mbj). A l'époque, la Libye exporte autant que l'Arabie Saoudite.
Mais très vite, le numéro un libyen nationalise le pétrole, limite la production et crée la Compagnie nationale du pétrole (NOC) qui constituera des coentreprises avec des participations minoritaires des compagnies étrangères.
Mais après vingt ans d'isolement économique et de sanctions internationales contre le régime, la Libye a vu affluer depuis dix ans toutes les compagnies pétrolières occidentales avides de brut, le pays étant encore considéré comme sous-exploité au regard de ses réserves.
En 2010, le pays a produit 1,55 mbj, selon les données de l'Agence internationale de l'Energie (AIE). La production totale d'or noir atteint même 1,79 mbj, si l'on ajoute les liquides de gaz naturel et autres condensats, d'après l'agence américaine d'information sur l'énergie (EIA).
La Libye était ainsi en 2009 le quatrième producteur de pétrole en Afrique (après le Nigeria, l'Angola et l'Algérie), et l'un des 20 plus gros producteurs de pétrole au monde, selon l'EIA. Son brut est particulièrement prisé, parce qu'il est peu riche en soufre et facile à traiter.
Au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), la Libye est en 9e position pour sa production de brut sur les 12 membres que compte le cartel.
Avec une consommation intérieure limitée de 280.000 barils par jour en 2009, la Libye exportait 1,5 mbj de pétrole, en grande majorité (79%) vers l'Europe.
Son principal acheteur en 2010 était l'Italie (28%), suivi de la France (15%), la Chine (11%), l'Allemagne (10%) et l'Espagne (10%). Les Etats-Unis n'ont acheté l'an passé que 3% de l'or noir libyen.
La Libye compte les plus grosses réserves de pétrole en Afrique, avec 44 milliards de barils, loin devant le Nigeria (37,2 milliards de barils) et l'Algérie (12,2). Les grandes compagnies présentes sont l'italien Eni, le français Total et les géants anglo-saxons BP, Shell et ExxonMobil.
Le pays a également quasi-doublé ses exportations en gaz naturel en quelques années, de 5,4 milliards de m3 en 2005 à plus de 10 milliards de m3 de gaz naturel par an, selon l'Opep, grâce à un nouveau gazoduc vers l'Italie actuellement coupé. Ses réserves sont estimées à 1.540 milliards de m3.
tt
(AWP / 22.08.2011 12h31)
Le pétrole perd plus de 2 dollars à Londres, le marché attentif à la Libye
Londres - Les prix du pétrole évoluaient de façon contrastée lundi en cours d'échanges européens, en repli à Londres et en légère hausse à New York, dans un marché agité par les spéculations sur une reprise des exportations libyennes de brut après l'entrée des rebelles dans Tripoli.
Vers 10H00 GMT (12H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre s'échangeait à 106,16 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 2,46 dollars par rapport à la clôture de vendredi.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en septembre, dont c'est le dernier jour de cotation, progressait de 46 cents, à 82,72 dollars.
Les rebelles libyens ont rencontré étonnamment peu de résistance lors de leur entrée (dimanche) dans Tripoli, alimentant un net repli des cours du Brent, observait Filip Petersson, analyste de la banque SEB.
Les jours et même les heures du régime (du colonel Mouammar) Kadhafi semblent comptés, et un volume substantiel de pétrole libyen pourrait revenir progressivement sur le marché mondial dans les prochains mois, même s'il n'y a aucune certitude actuellement sur l'évolution de la situation politique du pays, expliquait-il.
La révolte contre le colonel Mouammar Kadhafi a provoqué depuis six mois une quasi-interruption des exportations de brut de la Libye, quatrième pays producteur d'Afrique, exacerbant les tensions sur le marché mondial et contribuant à pousser les cours du baril jusqu'à 127 dollars en avril à Londres.
Le Brent londonien est plus exposé à l'impact du conflit en Libye que le WTI new-yorkais: il reflète en effet plus particulièrement l'état des marchés pétroliers en Europe et en Asie, davantage dépendant des exportations libyennes que le marché américain.
La qualité du pétrole libyen, léger et pauvre en soufre, est très appréciée des raffineurs, mais le rend plus difficile à remplacer.
La chute du régime libyen pourrait ainsi apaiser quelque peu les inquiétudes sur l'offre mondiale de brut, mais il est très improbable que le pays retrouve son niveau de production d'avant le conflit, à 1,6 million de barils par jour, en 2011 ou même au premier semestre 2012, en raison des dommages subis par les infrastructures pétrolières, notait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital.
Si la Libye devraient concentrer cette semaine l'attention des opérateurs, ces derniers devraient aussi être affectés par la nervosité de l'ensemble des des marchés financiers avant un discours très attendu du président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Ben Bernanke vendredi, ajoutait M. Petersson.
Les investisseurs seront attentifs à tous commentaires de M. Bernanke sur la santé de l'économie des Etats-Unis, premier consommateur mondial de brut, et sur la mise place éventuelle de nouvelles mesures de soutien à l'économie par la banque centrale américaine.
Les marchés pétroliers avaient évolué en dents de scie la semaine dernière, fluctuant au gré des soubresauts des places boursières sur fond de regain d'inquiétude sur un possible en retour en récession des Etats-Unis et de la zone euro.
(©AFP / 22 août 2011 12h24)
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