(7sur7.cd 22/08/2011)
Colette Braeckman avait brossé les portraits et analysé les chances de quatre plus sérieux candidats à la présidentielle de novembre 2011. Elle n’avait pas vu venir Mobutu Nzanga, qui s’est jeté, lui aussi, dans l’arène le 19 août. Le compte à rebours est amorcé au Congo : c’est cette semaine que doivent être déposées les candidatures pour les élections générales, présidentielle et législative, qui doivent se tenir le 28 novembre prochain.
Les 31 millions d’électeurs enregistrés par la Commission nationale indépendante -CENI- n’auront pas le loisir de tergiverser : le 15 janvier dernier, le Parlement a modifié le mode de scrutin, et l’élection présidentielle se jouera en un seul tour. En 2006, le deuxième tour de scrutin s’était traduit par une lutte acharnée entre Joseph Kabila et son challenger Jean-Pierre Bemba, qui avait perdu avec 46% des voix et des violences avaient éclaté à Kinshasa. Officiellement, le législature a été inspiré par le souci de réaliser des économies, d’éviter un scénario à l’ivoirienne. En réalité, ce scrutin à’ un tour était destiné à favoriser le candidat sortant, Joseph Kabila. Lorsqu’il se sera officiellement déclaré, ce dernier partira avec des avantages non négligeables : il sera crédité d’avoir pacifié le pays et entamé les chantiers de la reconstruction, il contrôle l’appareil sécuritaire et administratif, il dispose d’infiniment plus de moyens financiers que ses adversaires, ceux de l’Etat et les siens propres et le président de la CENI, le pasteur Ngoy Mulunda est considéré comme l’un de ses proches.
Quant à l’opposition, elle est jusqu’à présent incarnée par trois hommes que tout sépare, mais qui, pour avoir une chance de battre Kabila, sont obligés de dépasser leurs egos respectifs et de s’unir sur une candidature commune : Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe et Etienne Tshisekedi. Ce dernier, à 79” ans, estime être le candidat, naturel de l’opposition et appelle ses rivaux à s’unir... derrière lui.
Au début de cette année encore, favorisée à la fois par le mode de scrutin et par la frime au sortant, la victoire de Joseph Kabila semblait acquise. Mais à l’entame de la campagne, le suspense renaît, sinon l’inquiétude car Etienne Tshisekedi, que beaucoup de Congolais considèrent comme une icône, une légende vivante, remporte des succès de foule inattendus, entre autres au Katanga, fief du président sortant et le vieux lutteur ne semble même pas imaginer l’hypothèse d’une défaite. Or le Congo demeure un pays fragile: le Nord et le Sud Kivu sont loin d’être pacifiés, le fossé entre l’Est et l’Ouest pourrait se rouvrir, les partis politiques nés durant la dictature mobutiste ou dans un contexte de guerre doivent encore faire leur aggiormarniento et tenter de se positionner en fonction de programmes plus que de personnes. Les convoitises, nationales et étrangères demeurent nombreuses et si les élections de novembre 2011 doivent avoir pour effet d’enraciner la pratique démocratique, elles comportent aussi un risque de déstabilisation non négligeable, au cas où le scrutin serait récusé par l’une ou l’autre des parties...
Africa News
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