mercredi 24 août 2011

RDC: Bemba à Kinshasa ? Moreno, « mon oeil »!

Le MLC ne désespère pas de voir son leader Jean Pierre Bemba obtenir la liberté provisoire pour se rendre à Kinshasa afin de déposer sa candidature à l’élection présidentielle et, à celte occasion, se faire enrôler sur la liste électorale. On le sait, l’ancien vice-président de la République est détenu et jugé à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par ses hommes à Bangui.
En son temps, pendant que l’opération de révision du fichier courait encore, Jean Pierre avait demandé à la CENI d’envisager toutes les formules possibles pour le faire enrôler. Le leader du MLC, faisant valoir le cas de force majeure, a même, dit-on, proposé d’envoyer à la CENI ses empreintes légalisées par les services de la CPI pour qu’il lui soit délivré la carte d’électeur.
La CENI avait alors répondu pour reconnaître qu’aux termes de la loi en RDCongo, Jean-Pierre Bemba jouissait de tous ses droits civiques et politiques, car bien que poursuivi, il n’était pas encore condamné et bénéficiait de la présomption d’innocence dans toute l’acception du terme.
Cependant, le vote des Congolais de l’étranger n’étant pas reconnu par la loi électorale, la CENI se disait dans l’impossibilité de déplacer une équipe d’enrôlement, même aux frais du requérant ni d’établir une carte d’électeur sur base de données même légalisées, récoltées par correspondance. Elle ne voyait donc pas d’autre mécanisme à l’enrôlement de Jean Pierre Bemba que son déplacement à Kinshasa. C’est sur la base de cette correspondance de la CENI que Jean Pierre Bemba a entrepris des démarches pour persuader la CPI qu’il était attendu à Kinshasa et qu’il lui fallait une liberté provisoire pour s’y rendre. Le conseil du prévenu a ainsi introduire une demande de liberté provisoire.
Bien que l’opération de révision du fichier soit clôturée, les candidats ont en effet, aux termes de la loi, la possibilité d’obtenir la qualité d’électeur, un des critères d’éligibilité, lors du dépôt de leur candidature. Rappelons qu’en juillet dernier, le Mouvement de Libération du Congo, la principale formation de l’opposition institutionnelle en République démocratique du Congo (RDC), a reconduit son leader Bemba à sa tête pour’ un nouveau mandat de cinq ans et l’a désigné comme candidat à la présidentielle. C’est là un argument supplémentaire qui a été utilisé pour faire pression sur la CPI. Mais encore, des garanties ont été offertes.. Selon un de ses proches qui s’est confié à Belga, Jean Pierre Bemba a pensé se rendre à Kinshasa à bord d’un jet privé loué par ses amis et qui décollerait d’un aéroport d’Amsterdam à 7H pour Kinshasa. Dans la capitale congolaise, il resterait tout au plus qu’une heure avant de repartir le même jour et regagner Amsterdam vers 21 heures.
Il s’agirait d’effectuer «un aller- retour» entre La Haye et Kinshasa, «sans bain de foule», a précisé ce responsable du MLC à Belga, en rappelant que Bemba a déjà à deux reprises bénéficié de ce genre de courte mise en liberté conditionnelle. il s’agissait notamment d’assister à Bruxelles, le 8 juillet 2009, à une cérémonie religieuse en ultime hommage à son père, le riche ‘homme d’affaires et sénateur Jeannot Bemba Saolona, décédé la semaine précédente dans la capitale belge. Selon ce responsable du MLC, la CPI a aussi approché le gouvernement de Kinshasa à propos des aspects sécuritaires d’un éventuel déplacement Kinshasa.
Cependant aux dernières nouvelles, les juges de la CPI ont, le 16 août, opposé une fin de non recevoir à la requête de mise en liberté provisoire telle que demandée par les avocats de la défense. Le procureur Moreno aurait émis de sérieuses réserves pour ce déplacement. Il ne verrait pas de son oeil ce voyage. Même sous la surveillance d’une meute de policiers à bord, un voyage à bord d’un avion dont la CPI n’aurait pas le contrôle paraît risqué, aurait estimé le procureur, car « sait-on jamais ». Mais, les avocats de Bemba n’ont pas encore désarmé et ont introduit une nouvelle demande. Plus que de liberté provisoire, il s’agit en réalité d’une permission de brève sortie de prison, avec forte escorte policière.
A noter que les audiences du procès de M. Bemba doivent reprendre le 22 août. L’inscription pour la présidentielle ont débuté le 18 août suivant le calendrier réaménagé et s’étendra jusqu’au 5 septembre.
M. Bemba, 48 ans, est détenu depuis 2008 à Scheveningue, près de La Haye, dans la prison de CPI qui le juge pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en République centrafricaine.
Il doit répondre de viols mais aussi de pillages et de meurtres qu’auraient commis les soldats du MLC entre octobre 2002 et mars 2003 en Centrafrique où ils étaient allés soutenir les troupes du président Ange-Félix Patassé, en butte à la rébellion du général François Bozizé. Il avait quitté Kinshasa en 2007, avant d’être arrêté le 24 mai 2008 à Rhode-Saint-Genèse en vertu d’un mandat d’arrêt de la CPI.

J.Man Mas
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